Assainir la capitale malienne avant le 22 septembre 2019 était l’engagement pris par les autorités maliennes. Une décision dans laquelle elles semblent avoir failli.
Les enseignants et les élèves de l’école fondamentale de Médina-coura, un quartier populaire de Bamako, ont séché les cours, l’année dernière, durant plusieurs jours. Motif : les ordures ménagères et autres déchets plastiques ont envahi l’enceinte de l’établissement. Une montagne d’ordures dégageant une odeur nauséabonde, favorisant le pullulement des mouches, des moustiques, des souris, etc. Tout autour, des sachets plastiques, voltigeant au gré du vent, finissent leur course dans la cour et sur la voie publique.
A Bamako, les endroits où poussent les montagnes d’ordures ne sont ni ceux de dépôts, ni de transits encore moins de dépôts finaux. Ces lieux dégagent une odeur nauséabonde, même après leur évacuation. Comme le dépôt de transit de Médina-coura, celui sur la « Colline du savoir », siège des universités publiques, entre l’Institut des sciences politiques, relations internationales et communications (ISPRIC) et la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP), présente la même caractéristique. Les voies passant près de ces dépôts de transit restent toutes infestées par les déchets. Tous les usagers motocyclistes respirent un air qui n’est pas sain en empruntant lesdits tronçons.
Assainir Bamako
En août dernier, le département chargé de l’assainissement était sur le site de Médina-coura pour constater l’effectivité du dégagement de ce dépôt. Des usagers s’arrêtaient même un instant pour juste remercier le ministre et son département. C’était trop beau pour être éphémère. Ces scènes de joie ont vite cédé la place aux critiques. Ces dépôts de transit dégagés ont vite retrouvé leur laideur habituelle. C’est le cas du dépôt de transit de Médina-coura, des points noirs se trouvant derrière l’Assemblée nationale, au marché de Rail-da, entre autres.
Cette situation montre la difficulté des autorités à assainir Bamako. C’est à croire que nos autorités accordent peu d’importance à l’assainissement de nos villes et, par ricochet, à la santé publique. Sinon, pourquoi les travaux du site de dépôt final de Noumoubougou n’arrivent-ils pas à terme ? Pourtant, les travaux ont démarré depuis 2015. À quoi serviront alors les « Gilets verts », les soldats de l’environnement, créés pour assainir la capitale malienne et sensibiliser les populations ? Ces « Gilets verts » seraient sûrement un instrument de propagande politicienne. Toutes choses qui ne permet pas l’atteinte de l’objectif « zéro point noir » dans la ville des trois caïmans.
Préserver notre santé
Il faut pourtant pallier ce problème pour éviter des maladies que peuvent provoquer le contact direct avec les déchets. Mahamadou Dramé est infirmier d’État au centre de santé de la cité universitaire de Kabala. Selon lui, l’assainissement contribue à la protection des enfants contre les maladies courantes d’origine hydrique comme la diarrhée et réduit le retard de croissance chez les enfants. Un phénomène qui touche 24% des enfants du Mali, a-t-il souligné.
Dans le rapport 2018 sur la relecture de la politique nationale d’assainissement du Mali, on peut lire que l’insalubrité entrave « le développement socioéconomique des populations à travers la dégradation de l’environnement, la propagation des maladies et diverses autres nuisances qui affectent la santé humaine en particulier. » « Le manque d’assainissement tue », précise-t-on encore dans le rapport de la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et nuisances en 2009.
Conscientes de tous ces dangers, nos autorités ne doivent pas laisser nous exposer au contact de ces ordures.