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Lettre au Président IBK : « Les ministres aussi doivent être limogés »

Dans la foulée des massacres d’Ogossagou, le samedi 23 mars, les chefs d’état-major de l’armée de terre et de l’air ont été renvoyés à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire. Des décisions qui peinent à convaincre grand-monde. La blogueuse Fatouma Harber pense qu’en plus de la hiérarchie militaire, certains ministres devaient être remerciés du gouvernement. Elle adresse une lettre au Président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », qu’elle aime à appeler « mon oncle » sur les réseaux sociaux.

Mon cher oncle,

Je vous écris cette lettre le cœur empli de douleur. Vous devez vous dire que j’ai du culot, et vous demander pourquoi je vous appelle mon « oncle ».

Eh bien, c’est parce que lorsqu’un homme décide de briguer la présidence d’un pays, il devient le père, l’oncle, cette personne qui vous doit protection durant tout son mandat.  Nous avons assisté aux élections les plus bizarres dans ce pays, avec des taux de participation incroyables dans certaines zones touchées par le conflit, comme la région de Tombouctou dont je suis habitante.

Je vous écris cette lettre pour vous dire qu’il est temps pour vous, cher oncle de vous réveiller de ce sommeil qui semble de plomb. Il y va de la survie de notre patrie bien aimée, le Mali.

Monsieur le président,

Savez-vous ce que le Mali est devenu de 2013 à aujourd’hui ? Ne me dites pas ce slogan avec lequel votre entourage a réussi à vous endormir: « Le Mali avance ! ». Il me semble que vos multiples voyages et votre récent malaise vous ont déconnecté du pays que vous  dirigez et de voir ce que le Mali est devenu entre les mains de ces gens que vous avez choisis comme collaborateurs (Premier ministre, ministres, députés, chefs de l’armée, gouverneurs…).

La semaine dernière, c’était le massacre de soldats maliens dans l’école abandonnée qui sert de camp à Dioura. Vous sembliez en colère dans votre discours à la nation, rouspétant et mettant en garde qu’aucune erreur ne serait  tolérée. Le deuil national de 3 jours décrété en Conseil des ministres n’était pas arrivé à son bout qu’un autre massacre, encore plus dévastateur, est survenu : Ogossagou.

Tout un village massacré : hommes, femmes, enfants, animaux, maisons… Tout calciné, des enfants trucidés par derrière avec des haches ou des machettes ; des familles complètement effacées, des femmes enceintes brulées vives. L’horreur : 160 personnes tuées de la sorte.

Pourtant c’est vous, votre gouvernement, votre armée qui deviez apporter protection à ces populations qui ont été lâchement assassinées.

Mon oncle,

Être président ne se résume pas à vivre dans un palais au luxe criard et voyager à l’autre bout du monde pour vendre les manuscrits millénaires de Tombouctou, ou encore à envoyer des officiers dans des ambassades au loin.

Le Mali était divisé lorsque vous avez été élu en 2013. Ceux et celles qui ont voté pour vous avaient beaucoup d’espoir. Ils voyaient en vous un homme fort, qui pouvait poser des actes forts. Mais, bien malheureusement, la grande majorité des Maliens, dorment comme vous.

Cette armée n’existe plus.  Bien sûr, on vous dit qu’ils sont à Tombouctou, ils sont à Tarkint, ils sont à Ménaka, ils sont à Tombouctou. Cherchez à voir comment ils sont réellement là-bas.  Les différents attentats qui ont lieu à Gao, Tombouctou et même à Bamako doivent vous mettre la puce à l’oreille. Les populations sont tous les jours agressées sur les routes de ces villes.

Comme les civils, les hommes de rang sont les seuls qui payent le lourd tribut. Je ne vous parlerai point des députés maliens.  Ils sont dans une chambre d’enregistrement de lois que vos «  ministres » leur envoient. Qui disait sur Twitter qu’on pouvait les remplacer, les députés, par des robots ?

Mon oncle, Kélékoté (ce n’est pas la guerre), pour vous paraphraser, j’ai été déçue d’apprendre que seuls les chefs d’état-major de l’armée de l’air et de l’armée de terre ont été limogés après les massacres d’Ogossagou. Les premier des responsables sont ces ministres qui ont la gestion de la sécurité, de la  défense, de la protection civile, des droits de l’homme.  Comment les laissez-vous en place après un tel désastre ?

Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur le Président, il est temps que vous redescendiez sur terre pour voir la situation catastrophique du pays qui vous échappe.

 

 Vous pouvez relire sur Benbere : Lettre de la femme d’un soldat malien tué à Dioura : « on a mal »

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