Livre : « Un pan de vie » ou les leçons d’une vie
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Livre : « Un pan de vie » ou les leçons d’une vie

Un pan de vie  met en scène Salif Diarra qui, grisé par la réussite après qu’il est devenu directeur national des impôts, s’adonne à une vie vagabonde avant d’atterrir en prison : il y apprendra les leçons de sa vie. 

Un pan de vie s’ouvre sur ces élus qui détournent l’argent des contribuables pour acheter une belle maison, une grande voiture et avoir de belles maitresses. 

Salif Diarra, enseignant au lycée et mari attentionné, devient militant du parti La renaissance. Il va très vite gravir les échelons : de simple militant à, tour à tour, secrétaire général de sa section puis coordinateur en chef adjoint des commissions d’organisation pour la réussite des élections présidentielles auxquelles son parti présente un candidat.

Grâce à ses dons d’orateur et sa grande imagination, soutenu par son épouse Salimata, il va jouer des coudes et s’assurer les bonnes grâces de Touré, le président du parti et candidat aux élections présidentielles. Une fois au pouvoir, ce dernier nomme Salif Diarra au poste de directeur général des impôts.

L’ascension et la chute

Salif Diarra devient méconnaissable. Le desormais directeur général des impôts, cela va de soi, ne roule pas à moto mais en V8. Il se montre ingrat envers sa femme, détrônée par une maitresse qui dilapide son argent. L’enseignant bombardé directeur des impôts s’adonne aussi à la consommation de l’alcool.

Salif Diarra, qui n’avait jamais frappé sa femme, lève désormais la main sur cette dernière fréquemment. Salimata quitte le foyer un moment, puis décide de pardonner à son mari qui a promis de changer après plusieurs interventions des parents proches. Pourtant, c’est à sa maîtresse que Salif Diarra offrira une voiture de plus de vingt millions avant de se retrouver au cœur d’un grand scandale financier. Accusé de corruption, il est arrêté par la police quelques jours après. 

Le cachot est justement l’endroit où la vie va donner une grande leçon à Salif. Incarcéré à la maison centrale d’arrêt de Bamako, il va y faire la rencontre d’un ancien ministre de la Santé, qui a servi de bouc-émissaire pour son gouvernement et surnommé « Cheikh » par les prisonniers. Cheikh était à sa sixième année au moment où Salif atterrissait en prison. Ils auront des entretiens très enrichissants pour Salif sur le jeu politique, le chômage et l’école malienne. Rongé par le remord, Salif demande pardon à sa femme et promet de changer. Puis, trois mois avant sa libération, une insurrection populaire a eu raison du gouvernement décrié. 

Un féminisme responsable 

L’auteur, Oumar Mahamane Dédéou, n’épargne pas ces femmes qui exploitent leurs aides-ménagères comme des « bêtes sans rémunération décente ». Il aborde également dans le livre le thème du féminisme avec un regard critique. Salimata, cocue, est tristement assise en compagnie des femmes de sa petite coterie hebdomadaire. L’infidélité masculine était à l’ordre du jour. En réaction aux propos de Marame, qui expliquait comment elle avait surpris son mari en train de la tromper avec son amie Fifi, Maï propose d’appliquer aux hommes infidèles la loi du talion. Salimata va appeler tout le monde à la raison au regard de la prépondérance du rôle de la femme dans la société : « En toutes circonstances, n’oublions jamais qui nous sommes et d’où nous venons. » Et Kady d’abonder dans le même : « Faisons très attention et ne copions pas aveuglément tout ce qui se passe ailleurs.»


  • Un pan de vie, Oumar Mahamane DédéouInnov éditions, 2018, 159 pages

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