Mali : les laissés pour compte de l’aide à l’entreprenariat
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Mali : les laissés pour compte de l’aide à l’entreprenariat

A travers ce billet, le blogueur Aliou Diallokei regrette que tous les jeunes ne soient pas pris en compte dans les programmes d’aides à l’entreprenariat.

Sur le continent, comme l’écrivait l’ancien chroniqueur du Monde Afrique, Hamidou Anne, l’entreprenariat est « survendu », et présenté comme « une panacée du développement ». Le Mali n’échappe à la règle où l’entreprenariat est vu comme l’un des rares remèdes disponibles à la question de l’emploi des jeunes.

Depuis quelques années, c’est une tendance continentale, accompagnée par les institutions des Bretton Woods. Il s’agit de ces programmes d’aide à l’entrepreneuriat des jeunes qui, malheureusement, à mon avis, ne sont pas destinés à tous les jeunes entrepreneurs.

Un entrepreneur, c’est quoi ?

Je pense qu’à la base, un entrepreneur, peu importe son statut, analphabète ou pas, c’est celui qui entreprend une activité à but lucratif. Il est inutile ici de rappeler que, contrairement à une idée reçue, les jeunes ont toujours entrepris.

Et je connais personnellement de braves jeunes, avec des idées intéressantes, de grandes visions, et un courage indescriptible qui ne sont malheureusement pas considérés comme des entrepreneurs puisqu’ils ne sont jamais pris en compte par les programmes d’aide à l’entrepreneuriat. Pourquoi ? Est-ce parce qu’ils n’ont pas été à l’école ? En tout cas, qu’ils soient vendeurs ambulants, mécaniciens couturiers, ces jeunes ont tous besoin d’aide.

Parmi eux, beaucoup ont abandonné les bancs dès le cycle fondamental. D’autres ne sont même pas passés par l’école, et pourtant ils entreprennent. « Avec 25000 francs CFA, j’ai commencé à vendre des jouets pour enfant à l’auto-gare de Sogoniko », raconte fièrement M Kouma, propriétaire aujourd’hui d’un grand magasin de jouets d’enfants au marché de  Sogounikura.

Drissa Coulibaly, fils d’un ouvrier, a été confié dès l’âge de 14 ans à un maître couturier pour lui apprendre le métier. Aujourd’hui, âgé de 21 ans, il maîtrise bien la couture, mais est obligé de rester chez son maître par manque de moyen pour ouvrir son propre atelier. Son « patron » me confie  que Drissa n’est pas le seul, et il en reçoit beaucoup d’autres comme lui. « Je veux bien qu’il aille se débrouiller à son propre compte, mais les machines sont chères, la location d’un atelier aussi », regrette-t-il.

Presque la même histoire pour cet autre jeune, Lassina Coulibaly, qui évolue dans la métallurgie depuis 10 ans. Il est, hélas, toujours obligé de rester travailler pour son patron parce que l’ouverture d’un atelier métallurgique coûte extrêmement cher.

Le gouvernement doit y penser

Les quelques rares qui ont pu ouvrir un local se plaignent des coûts exorbitants des charges fiscales : « On a toujours des soucis avec les services de recouvrement. Pour un petit atelier de couture, en plus de 18000 FCFA de la mairie, je dois payer 75000 FCFA aux impôts », me confit le patron de Drissa, qui dit avoir connu aussi cette situation que vivent aujourd’hui ses apprentis.

Le gouvernement, pour mieux lutter contre le chômage, doit initier des politiques d’aides destinées à cette couche, véritable motrice de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales. Leur permettre ainsi d’accéder aux aides facilement avec des procédures simples et transmissibles dans nos langues locales. Ils sont en majorité analphabètes, mais très compétents dans leurs domaines respectifs.

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