Tombouctou a découvert le Maracana il y a 4 ans. Depuis, des jeunes de toutes couches de la ville se retrouvent autour de ce sport cadet après la rupture du jeûne pour garder la forme et renforcer la cohésion sociale.
A Tombouctou, dans la cité mystérieuse, il est 21 heures. Bondjouma, comme beaucoup de jeunes, se dirige vers le grand espace qui sépare le gouvernorat et la mairie de la ville de Tombouctou. Ils viennent des 8 quartiers. En tout, 24 équipes sont en lice pour une compétition de Maracana, initée par des jeunes de la ville, qui durera tout le long du mois de ramadan.
Le Maracana, tirant son nom du très célèbre stade de Rio de Janeiro, au Brésil, est une forme de football qui se joue par équipe de 4 à 6 joueurs, avec des spécificités qui mêlent technique, adresse et rapidité. Chaque équipe est représentée sur le terrain par quatre joueurs sans gardien de buts, sur un terrain réduit. Seuls les buts marqués dans la surface de réparation sont valables. Cette discipline du football, très récente pourtant, draine de plus en de monde.
Jeûner et garder la forme
En plus d’être un facteur de cohésion sociale, cette compétition permet aux jeunes de maintenir la forme et la santé. Nous savons que pendant le ramadan, le sport est peu pratiqué par beaucoup de Tombouctiens. « Je suis footballeur, nous allons bientôt reprendre les entraînements. Avec cette initiative, je ne raccroche pas les crampons pendant un mois. Je pourrais facilement reprendre les entraînements. Tout le monde y trouve son compte », se réjouit Elhadji Touré, joueur de l’équipe du quartier de Djingareiber.
Ce tournoi est devenu un lieu de rencontre, de retrouvailles toutes les nuits à partir de 22 heures. Chaque match est l’occasion de revoir de vieux amis, de tisser de nouvelles relations. On discute entre amis, collègues, frères. On n’oublie la dure épreuve du jeûne doublée d’une chaleur suffocante.
« Depuis 2 ans, je viens suivre cette compétition, confie Alpha Cissé, un jeune du quartier d’Abaradjou. Je me suis frotté à d’autres jeunes dont je me méfiais avant. Aujourd’hui, je pense que nous sommes les mêmes. En plus des nouvelles connaissances que j’ai faites, cela me permet d’oublier la dure journée de jeûne. »
Cohésion sociale
Pour ces jeunes qui se retrouvent autour de ce rendez-vous annuel, des barrières ont été brisées entre certains membres de différentes communautés. Pour Dramane Koné, initiateur de la compétition, les jeunes s’intéressent de plus en plus à ce type de football qu’ils commencent à intégrer dans leurs loisirs : « En organisant ces compétitions, notre premier objectif est de vulgariser ce nouveau type de football. Nous envisageons également de diffuser ce sport dans toute la région, afin de permettre à tout le monde de pratiquer même sur un terrain réduit. »
La finale de ce rendez-vous annuel se joue à la veille de chaque fête de ramadan. Une façon d’interpeller les autorités pour développer de telles initiatives pour les jeunes. « En plus de la vulgarisation, il peut contribuer pour beaucoup à la cohésion sociale. Nous avons des joueurs de toutes les communautés », conclut Mohamed Koné.