Au Mali, il serait important de prioriser le dialogue entre les dirigeants et la société civile, particulièrement les jeunes, en mettant en place un cadre de discussions.
« Un peuple qui vit et s’exprime est ce qui fait l’honneur d’un État », écrit Alain Cappeau dans Cauchemar démocratique. L’Afrique d’hier et d’aujourd’hui ( L’Harmattan, 2014). Selon les estimations, la moitié de la population malienne est jeune, soit plus de 60%. Une forte proportion qui a la lourde responsabilité de prendre le relais et de relever les défis. Une jeunesse à entendre ailleurs que dans la rue.
La démocratie n’est peut-être pas le meilleur des régimes politiques. Mais elle est celle qui donne le droit et aussi le devoir aux citoyens de participer aux prises de décisions. La discussion demeure l’un des meilleurs moyens de se faire entendre.
Prioriser le dialogue
L’aspiration à un nouveau Mali [Mali Kura], démocratique, après la démission de l’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, serait ce qui conduit les autorités actuelles de transition à procéder à une série de concertations régulières avec les différentes sensibilités du pays. Il y aurait, de l’avis de nombre d’observateurs, cette volonté d’éviter à tout prix de reproduire les mêmes erreurs du passé qui ont d’ailleurs causé la chute du régime précédent.
Certes, il n’existe pas une meilleure manière de faire la démocratie. Mais une démocratie réussie est celle où les citoyens ont leur mot à dire, et les « décideurs » sont disposés à prendre en compte les avis exprimés. La démocratie, c’est aussi donc des débats, des discussions, des confrontations d’idées. Il faudrait, pour cela, créer les conditions : comme permettre aux jeunes d’avoir voix au chapitre, de s’exprimer et de s’engager politiquement.
Donner la parole à la jeunesse
Le nouveau Sommet Afrique-France, loin de faire l’unanimité, est un exemple de cadre de discussions à créer sur le continent. Une discussion franche et directe a pu avoir lieu entre le président de la République française, Emmanuel Macron, et des jeunes africains. L’exemple existerait, semble-t-il, au Rwanda.
En tirant les leçons de cet exercice, on peut à raison, dire qu’un nouveau Mali nécessite la création d’un cadre où les acteurs de la société civile, particulièrement les jeunes maliens, arrivent à faire part de leurs préoccupations et à s’entretenir directement, discuter avec le président de la République ou son premier ministre.
La jeunesse malienne a du potentiel pour l’édification d’un Mali Kura [nouveau Mali]. Mais encore faudrait-il qu’elle se ressource, se forme et qu’elle soit soutenue, surtout écoutée et entendue. Et si nos autorités pensaient à organiser ce cadre de dialogue avec les jeunes ? Les autorités de transition peuvent initier cet exercice dès à présent. Il est impératif de donner la parole aux Maliens, en particulier la jeunesse.
Et la vérité est que la jeunesse malienne est peu entendue, ou du moins ne se fait entendre que dans la rue.