Bâtir le rêve d’un Mali nouveau et prospère passe, inéluctablement, par une réforme profonde de l’école visant à valoriser le savoir et rendre à l’enseignant ses lettres de noblesse.
L’avenir de notre pays repose sur les épaules des enseignants. Nous sommes désormais dans un monde très compétitif : le savoir est plus que jamais une arme redoutable au cœur des jeux géostratégiques. Les pays qui n’arriveront pas à tirer leur épingle du jeu, et à se faire une place de choix dans le concert des nations, resteront à la traîne. La formation d’un capital humain solide et compétent est, sans cesse, une nécessité et un défi de taille pour les pays en voie de développement.
Pourtant, le Mali, jadis envié dans le continent et ailleurs pour la qualité de ses ressources humaines, traîne aujourd’hui une mauvaise réputation dans ce domaine. Résultat : baisse de niveau généralisée, faiblesse de compétences, fuite des cerveaux et des talents vers d’autres pays qui offrent de meilleures conditions d’études et perspectives d’avenir.
L’État a démissionné de l’école et l’enseignant n’est plus un modèle ni un symbole de réussite socio-professionnelle. Il s’est retrouvé en bas de l’échelle sociale et perçu comme celui à qui les enfants ne devront jamais ressembler s’ils aspirent à être « riches ». Pourtant, l’école ne se portera mieux que quand on valorisera l’enseignant, comme l’ont recommandé les Assises nationales de la refondation (ANR).
Revalorisation et respect
Les enseignants préparent les générations futures à assurer la relève. La délicatesse de leur fonction doit amener les dirigeants à les mettre dans les meilleures conditions de travail possibles et, ainsi, attendre d’eux les résultats escomptés. Ils doivent être les mieux enviés de la société, à l’abri des nécessités sociales qui les empêcheraient d’accomplir leurs missions.
La valorisation de la profession d’enseignant implique la revalorisation de son revenu salarial et le respect de son milieu de travail. Des écoles et salles de classes délabrées où le minimum des matériels didactiques (tableau, craie,…) peut faire défaut, des espaces pédagogiques insuffisants pour garantir un meilleur apprentissage sont, entre autres, le signe d’un mépris pour l’enseignant et pour le savoir qu’il est censé véhiculer.
La revalorisation de la fonction enseignante consiste à en redorer l’image en s’assurant tout d’abord que seuls les meilleurs y accèdent. Il faut de la rigueur et de la discipline dans le recrutement et la formation des enseignants. Ils doivent servir de référence et de modèle dans la société, incarner le respect dû à leur rang, incarner l’image qu’on voudrait de la société.
Remparts contre les dérives dans la société
Dans un élan de scolarisation de plus en plus important dans le pays, les enfants passent désormais beaucoup plus de temps à l’école qu’en famille. Des parents d’élèves « impuissants » sont nombreux à déléguer leurs rôles éducatifs aux enseignants. Ces derniers instruisent et éduquent à la fois. Ils sont le dernier recours pour les parents d’élèves qui n’arrivent pas à « dresser » leurs progénitures.
Les enseignants apprennent beaucoup plus aux enfants que la famille. Ils sont plus que jamais des garde-fous contre les dérives chez les enfants et jeunes. Ils préparent les adultes de demain. Pour toutes ces raisons, la fonction enseignante doit être très sélective afin d’y préserver les valeurs de moralité et d’exemplarité.
La valorisation de la fonction enseignante permettra d’y attirer les meilleurs et les plus talentueux. Des enseignants miséreux et choisis sur le tas constituent un danger pour la société elle-même. Tout cela doit inspirer nos autorités à avoir au cœur de leurs programmes politiques le souci constant d’assurer aux enseignants les meilleures conditions de vie et de travail. Le devenir de notre pays en dépend.