Tombouctou : « Tassouma », l’étoile montante de l’humour
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Tombouctou : « Tassouma », l’étoile montante de l’humour

Handédeou Alassane, dit « Tassouma », est considéré comme l’étoile montante de l’humour à Tombouctou. Benbere a rencontré cet éducateur de formation, parti de rien, adulé pour son talent.

« Tassouma » est le nom d’un marabout très puissant et sollicité par tout le monde. C’est le premier rôle joué par Alassane Handédéou dans une pièce de théâtre. Depuis, ce nom qui signifie en bamanankan « flamme ou feu » ne l’a plus quitté.

Parti à Bamako il y a quelques années pour suivre des études universitaires en sciences de l’éducation, Alassane Handédéou égaie, depuis son retour définitif dans la « cité des 333 sains », le public de Tombouctou. La comédie n’était pas un art pratiqué au niveau local. Son come-back a provoqué une véritable révolution dans ce secteur.

Parti de rien

Rien ne prédestinait cet éducateur de formation à la comédie. Tout a commencé pour Tassouma à la suite d’un casting passé pour un premier rôle. Avec les comédiens, le jeune néophyte crée plus tard une troupe théâtrale « Les ambassadeurs du rire ». Le talent de Tassouma est vite repéré par des promoteurs de spectacles dont certains n’hésitent pas à lui faire appel.

« En 2016, j’ai été contacté par Yeli Mady Konaté pour faire partie de l’équipe de son émission de divertissement et d’actualités sur Africable, raconte le jeune artiste. Jusqu’en 2018, j’étais l’un des piliers de cette émission dont je gérais la partie humoristique. Fin 2018, j’ai postulé à un casting lancé par Alioune Ifra N’Diaye pour former la nouvelle génération d’humoristes. J’ai été parmi les 15 lauréats qui ont suivi la formation. »

Le début a été compliqué, avoue Tassouma, qui lie cela à tort ou à raison au fait qu’il n’a pas fait d’école de comédie, outre qu’il avait du mal à s’en sortir avec la langue bamanankan. « Mais dès que j’ai commencé à jouer, j’ai réalisé à quel point j’étais heureux sur scène. Chaque fois que je jouais, on m’acclamait et ainsi j’ai décidé de faire carrière dans l’humour », ajoute-t-il.

« Comme pour dire que la vérité ne sort que de la bouche d’un enfant »

 Tassouma, qui est un talentueux poète, a trouvé dans la poésie le moyen de s’exprimer sur tous les sujets tout en faisant rire son public. Comme le comédien ivoirien Koloko Germain, connu sous le nom de « Papitou », l’un des points forts de Handédéou est l’imitation des enfants. « Je me plais beaucoup à imiter la façon de faire des enfants. Dans la peau d’un enfant, je peux dire des choses sans choquer. Là, je sens que j’ai une grande liberté pour dire certaines vérités, comme pour dire que la vérité ne sort que de la bouche d’un enfant. »

Avant Tassouma, il n’y avait presque pas de spectacles 100 % comédie. A Bamako, où il pouvait tout gagner dans ce métier, le jeune comédien a tout laissé pour s’installer dans son Tombouctou natal. Jusqu’en décembre 2019, il travaillait pour le compte de l’espace culturel Blonba. En décembre 2019, présent à Tombouctou à la suite d’une permission pour venir voir sa famille, il est sollicité par des jeunes qui s’intéressent à la comédie, et le suivaient à la télé et sur les réseaux sociaux. « J’étais très ému de constater que j’étais l’idole d’autant de jeunes de chez moi qui commençaient à s’intéresser à la comédie », confie Tassouma.

Difficile de vivre de l’humour

En dehors des spectacles, Tassouma anime une émission humoristique à la radio Bouctou de Tombouctou. Auparavant, il animait du lundi au vendredi « Bon Matin » sur la radio RFM à Bamako. Sur Mikado FM, la radio de la mission des Nations unies (Minusma), il tenait une émission humoristique « Samedi kadi ». Aussi sur Africable télévision animait-il « Le Grand déballage » avec Yeli Mady Konaté.

Ce dernier le considère comme un « humoriste innovant » à l’art très réfléchi. « Tassouma fait partie de ces jeunes ambitieux qui font la fierté du Mali », témoigne Yéli Mady Konaté. En février 2018, le jeune humoriste, qui écrit de la poésie, a publié son recueil de poèmes Des vers d’espoir (Innov éditions).

La comédie est un art nouveau à Tombouctou. Longtemps, les comédiens ont été vus comme des « Djolaa », des idiots en sonrhaï de Tombouctou. « Aujourd’hui, les Tombouctiens ont un nouveau regard sur les comédiens. Ils sont acceptés comme artistes maîtrisant un art efficace du divertissement. Cependant, cet art comme tous les autres peinent à nourrir l’artiste. Les conditions ne sont pas créées pour offrir au comédien la chance de se nourrir de ses prestations humoristiques », regrette Tassouma.

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