« Chanter le baja ni » : un livre en hommage à Abirè Goro, parolier dogon du XIXe siècle
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« Chanter le baja ni » : un livre en hommage à Abirè Goro, parolier dogon du XIXe siècle

Le samedi 20 février 2021, au Musée national du Mali, s’est déroulé le lancement du livre « Chanter le baja ni : Abiré le Voyant Dogon », un ouvrage de près de 300 pages qui retrace la vie d’Abirè Goro, important parolier dogon du XIXe siècle. 

La culture dogon fait partie des affluents les plus importants du grand fleuve intarissable que représente la culture malienne. Que ce soit en spiritualité, en artisanat, en danse ou en chant, on découvre énormément de richesses dans l’univers dogon.

Parlant de chant, le livre Chanter le baja ni est un exemple frappant. Il parle des chants et de l’histoire d’Abirè Goro, chanteur dogon du XIXe siècle, considéré par les siens comme une légende. L’homme étant à l’origine des chants du baja ni, terme signifiant « les chansons de la mort » en jamsay (dialecte du dogosso, la langue dogon). En lien avec les rites funéraires, l’une de ses particularités est qu’il se déroule en pleine nuit devant très peu de spectateurs.

Fruit de 40 années de recherche

Le livre, fruit de 40 années de recherche, est signé par trois auteurs : Walter E.A. Van Beek, professeur émérite d’anthropologie religieuse au Centre d’études africaines de Leiden (Pays-Bas), Oumarou Samba Ongoiba, professeur de linguistique résidant à Toronto et enfin Atimè Dogolu Saye, chef de famille à Tireli, un village de la commune de Sangha, dans le cercle de Bandiagara.

Tout commence aux alentours de 1970, lorsque Walter au cours de son travail d’anthropologue découvre le peuple dogon. Il est particulièrement marqué par le baja ni qu’il rencontre à Tireli et à propos duquel il dira : « Ma rencontre avec le baja ni de Tireli, en région de Sangha, dit par des hommes adultes, dans un des nombreux parlers que compte le diasystème dogon, le jamsay, qu’eux-mêmes ne comprennent guère, m’a particulièrement marqué ».

L’idée de faire connaitre le travail d’Abirè s’est formée tout naturellement. Les enregistrements avec des chanteurs importants du terroir ont commencé en 1980. D’abord, le professeur Walker et Atimè Dogolu Saye (chanteur et guide touristique) ont commencé le travail. La rencontre avec Oumarou Samba Ongoiba a été capitale, car sa connaissance profonde du jamsay, le parler dogon dans lequel sont déclamées les chansons du baja ni, permettra de mieux cerner le sens pour faciliter la traduction. Les chansons ont été regroupées et elles accompagnent le livre sur un CD.

Abirè l’inépuisable, le prédicateur 

Le samedi 20 février 2021, lors du lancement du livre au Musée national du Mali, Hamadoun Kassogué, célèbre comédien malien, membre de l’association culturelle Ginna Dogon a déclaré à propos d’Abiré Goro qu’il était plus qu’un simple chanteur : « C’était un grand homme de la culture dogon. Un prédicateur. Abirè est exceptionnel et inépuisable ». Cette intervention a été précédée d’un intermède musical avec l’une des chansons du baja ni et de Ginna Dogon.

Les auteurs, à savoir Oumarou Samba Ongoiba et Atimè Dogolu Saye en plus de Walker E.A. Van Beek qui est intervenu par visioconférence, sont allés dans le même sens que le comédien en expliquant à tour de rôle que Abirè avait quelque chose de trop profond pour être facilement cerné.

« Abirè Goro était aussi un prédicateur. Ses chansons racontent des choses qui se sont passées après sa mort ou qui se passent encore aujourd’hui », a déclaré Dr Amadou Salif  Guindo, qui modérait la cérémonie.

Le directeur du Musée national du Mali, Daouda Keita, a quant à lui invité tout le monde à s’intéresser à l’œuvre du parolier. Le livre, dans le contexte actuel, a-t-il-dit, est une sorte de boussole pour tous les maliens : « c’est regrettable que le pays dogon soit aujourd’hui en feu. Abirè Goro nous avait pourtant interpellé », a-t-il terminé.

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