Covid-19 : un mal nommé fake news
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Covid-19 : un mal nommé fake news

Depuis l’arrivée de la pandémie, les fake news inondent les réseaux sociaux sur la Covid-19. Elles sont diffusées dans l’optique de manipuler l’opinion publique. Un véritable mal à combattre.

Cet article a d’abord été publié par le journal Mali Tribune.

Abdoulaye Guindo, administrateur d’un site de vérification des informations, précise que les types de fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux ont connu deux phases. La première, c’était à l’annonce de la maladie à coronavirus. Les infox concernaient les causes, les origines, les moyens de transmission, les pays qui, selon ces fausses informations, ne pouvaient être touchés par la maladie à cause de la chaleur. Ensuite, on a fait croire que les fripes qui viennent de l’extérieur transmettent le virus, qui serait une fabrication des Occidentaux.

Après, ont suivi les fake news sur les remèdes, notamment les plantes traditionnelles, et il fallait s’exposer au soleil pendant un moment. « Aujourd’hui, ce sont les vaccins qui sont concernés, explique Abdoulaye Guindo. On fait croire que les vaccins rendent stérile, impuissant. Nous voyons également des anciennes vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, essentiellement les groupes WhatsApp et les pages Facebook, faisant croire que le vaccin peut provoquer des crises, des malaises et qu’il peut même donner la mort. »

Ces fausses informations attisent la méfiance des populations vis-à-vis de la maladie. Les populations, de façon générale, refusent d’aller faire même les autres vaccins pour prévenir d’autres maladies. Cela cause une psychose générale et impacte de façon négative la lutte contre la Covid-19.

Désinformation

« La pandémie de Covid-19 s’accompagne sur les réseaux sociaux d’une épidémie d’informations que l’OMS [Organisation mondiale de la santé] qualifie d’infodémie. La lutte contre la Covid-19 passera nécessairement par celle contre les infox. Et cette lutte ne peut aboutir sans l’implication des médias », estime Yagaré Diakité, directrice développement médias chez Tuwindi. Elle gère une plateforme dans le but de combattre les fausses informations en période de Covid-19. Tuwindi a développé et mis à la disposition de la population malienne « Wuya », une application mobile de lutte contre les fausses informations appelée.

Aujourd’hui, cette application émerge comme un outil majeur dans la lutte contre la désinformation au Mali. Depuis sa création, la plateforme a enregistré 520 informations vérifiées sur les 595 demandes. Wuya a connu, d’une manière générale, un grand succès, surtout auprès des organes de médias qui l’ont utilisé pour faire des demandes de vérification, contrairement au grand public qui se contente pour la majeure partie de télécharger et accéder aux informations vérifiées.

Selon Yagaré Diakité, les fausses informations conduisent la population dans des mauvaises situations. Sur le plan sanitaire, elles entrainent l’aggravation de la transmission du virus. Elles induisent la population dans l’erreur.

« Mauvaises décisions »

De son coté, Mohamed Dagnoko, journaliste et correspondant d’une radio internationale, nous dit que la fausse information, de tout temps, est une mauvaise chose. Car elle fait prendre de mauvaises décisions. En temps de Covid-19, c’est encore plus délicat. On a tous vu les infox circuler autour des vaccins. Aujourd’hui encore, malgré les efforts des autorités, beaucoup sont réticents à se faire vacciner, car une fausse information sur la dangerosité du vaccin a circulé, notamment sur les réseaux sociaux.

Récemment, le Mali a enregistré son taux record en 24 h avec plus de 400 cas, alors même que la campagne de vaccination avait commencé. C’est dire les conséquences que peuvent avoir les fake news sur la réussite de la lutte contre le coronavirus. Pour Mohamed Dagnoko, les fausses informations peuvent même provoquer une faible adhésion des populations au respect des mesures barrières. « De plus en plus d’organes s’impliquent dans la lutte contre la désinformation. La meilleure méthode est d’inviter les institutions de l’État, les ONG et les acteurs publics à plus de transparences autour de leurs actions. Il faut que les citoyens soient éduqués aux médias afin qu’ils puissent se positionner face aux informations qu’ils reçoivent », ajoute la responsable médias de Tuwindi.

Les avis sont partagés. Certains confient que tout ce qui circule sur Internet ou encore les réseaux sociaux sont nuisibles. Des vidéos qui font peur, des images traumatisantes– qui marquent à vie– sont partagées, repartagées. Les fausses informations ont de véritables inconvénients au Mali en matière de fréquentation dans les hôpitaux. Les citoyens, même souffrant d’autres pathologies, ne se rendent plus dans les centres de santé par peur qu’on leur dise qu’ils sont atteints de Covid-19. Il se trouve également que depuis l’avènement de la covid-19, les autres maladies sont minimisées dans les centres de santé. Ils ne croient pas du tout à la pandémie.

Il y en a qui pointent clairement dans leurs propos la responsabilité de l’État. Cela s’explique par les fausses informations qui sont diffusées partout et le gouvernement ne donne pas de bonnes informations, et à temps. Ils disent également que ces fake news ont une proportion assez considérable et qu’ils sont finalement obligés d’y croire.

Pendant ce temps, ceux qui y croient sont finalement septiques, car aucune mesure barrière à part le port des masques n’est respectée dans les hôpitaux. De même, pour les vaccins, depuis l’arrivée des premières doses au Mali, le constat est pire : sur 396 000 doses reçues, seulement 53 000 ont été administrées. Parce que les populations ne croient pas à l’efficacité du vaccin.


  • Cet article a été publié avec le soutien de JDH–Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.

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