Éditorial : peur sur Bamako
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Éditorial : peur sur Bamako

La peur règne sur la capitale malienne, Bamako, meurtrie par des braquages en cascade en pleine journée qui ont charrié colère, indignation. Le lundi 30 novembre a particulièrement été violent avec trois attaques à main armée à Sogoniko, Faladiè sur la rive gauche du fleuve Djoliba, et le centre d’affaires ACI 2000.

A Sogoniko, c’est un client d’une banque qui s’est fait tirer dessus pour son sac contenant de l’argent, abandonné sur place, avant de succomber à ses blessures. Sans parler des braquages et cambriolages dont sont victimes les paisibles populations de Bamako et qui ne sont pas très souvent rapportés dans la presse, laissant l’impression que nous assistons à une sorte de « banalisation de la violence », qui s’abat sur les populations comme des faucons fous sur leur proie.

Il est fréquent d’entendre parler d’une montée de la violence urbaine et de la criminalité dans les débats, alors que, inquiétant paradoxe, le phénomène reste sous-étudié, même par l’université où il n’y a presque pas de travaux sérieux dessus, pas plus qu’il n’y a de dispositif statistique solide au niveau des services de sécurité. Or ce banditisme classique mérite une réponse à la hauteur pour éviter au Mali– déjà dans une posture d’ « État fragile »– de se « colombiser » et à Bamako de prendre la trajectoire d’une ville criminogène.

Alors que le pays a déjà du plomb dans l’aile du fait des ravages des conflits civils, de l’activisme des groupes extrémistes violents sur fond de disponibilité croissante d’armes à feu et de munition de guerre. « Plus d’un adulte sur dix (11,9 %) déclare qu’il (ou un membre de son ménage) possède une arme à feu en 2018 », écrivait il y a deux ans l’INSAT tout en notant une diminution nette de la prévalence de la criminalité.

Mais Bamako n’est pas encore Bogota : en Colombie les homicides crapuleux étaient plus élevés que les décès liés aux affrontements entre l’armée et la guérilla, notamment celle des FARC. Il est donc important de repenser le dispositif sécuritaire dans le pays, mais aussi réfléchir sur le rôle de la Brigade anti-criminalité qui, comme l’a relevé le chercheur Baba Dakono, a d’autres priorités que le contrôle des vignettes et des « cartes grises » de véhicules en circulation dans la capitale.

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