La pratique de la mendicité gémellaire est récurrente au Mali. En ces temps de Covid-19, les mères de jumeaux courent un grand risque d’infection. Le gouvernement devrait les prendre en compte dans le cadre de la prévention et la prise en charge de la maladie.
On les croise aux carrefours, sur les principales artères de la capitale Bamako. Ces mères de jumeaux passent la journée dans les rues, se faufilant entre les véhicules. Les gamin(e)s qu’elles trainent sont reconnaissables le plus souvent par leur uniforme et les bols qu’ils tendent aux usagers de la route pour recueillir soit quelques jetons ou de l’indifférence des passants. Parfois même des injures.
La mendicité, notamment celle gémellaire ou supposée comme telle, est souvent justifiée comme faisant partie de notre culture. Mais beaucoup assimilent la pratique à la paresse. Ni les mythes convoqués par les personnes concernées, ni la religion ne plaident en faveur de la pratique. Un imam que nous avons approché affirme d’ailleurs que l’islam ne l’admet pas : « Mendier avec les jumeaux n’est recommandé nulle part dans le Coran », tranche l’érudit.
Synonyme d’opportunité
Une chose est certaine : ces femmes, qu’elles soient veuves ou non, sont pour la plupart confrontées à des difficultés sur le plan économique. Avoir des jumeaux est synonyme d’opportunité pour nombre d’entre elles. « Je peux gagner 5 000 francs CFA par jour. Cette somme permet de subvenir à nos besoins. J’arrive même à économiser », confie Fanta, mendiante et mère de jumeaux.
En cette période de pandémie de Covid-19, les mendiants sont potentiellement exposés. Au regard de leur situation et leur mode d’opération, les autorités doivent s’intéresser à cette catégorie de personnes vulnérables dans la prévention et la prise en charge de la Covid-19. Nous devons donc nous inquiéter pour les mendiantes mères de jumeaux. Car si le Mali venait à prendre des mesures strictes comme certains pays européens, que deviendront-elles ? Comment parviendront-elles à subvenir aux besoins de leurs enfants ?
Le trafic n’est plus dense
« Je n’ai aucune qualification. Je ne sais pas quel métier je pourrais faire. Je ne peux plus faire la lessive pour gagner ma vie. Car depuis mon accouchement, j’ai mal au dos. Mon mari est parti dans les sites d’orpaillage, je n’ai plus de ses nouvelles », témoigne Assetou, une médiante rencontrée dans une rue de la capitale malienne.
La crise sanitaire impacte beaucoup l’activité des mères mendiantes. Sur les routes, le trafic n’est plus dense à cause du service minimum et le télétravail. Beaucoup d’associations et d’organisations nationales voire internationales font de leur mieux pour les mendiants et mendiantes de la rue. Les autorités doivent les accompagner.