« Et si tu ne me trouves pas au paradis » de Hadèye Fofana, l’histoire d’une quête identitaire
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« Et si tu ne me trouves pas au paradis » de Hadèye Fofana, l’histoire d’une quête identitaire

« Et si tu ne me trouves pas au paradis », publié aux éditions La Sahélienne, est le premier ouvrage de la jeune malienne Hadèye Fofana. Le livre convoque les traditions et relate une quête identitaire douloureuse.

L’héroïne du livre Talia, originaire de Gao, est née d’un père soninké et d’une mère sonrhaï. Très jeune, elle atterrit dans la capitale malienne, Bamako, avant de traverser la Méditerranée à la poursuite de ses études en France. Neuf ans plus tard, elle retourne au pays et décide de rendre visite à ses grands-parents restés à Gao.

Ce retour à la source est une longue pérégrination pour la jeune fille, qui sera confrontée aux exigences de sa culture, avec laquelle elle essaie désormais de se réconcilier. L’Immigration clandestine, l’insécurité, l’amour, l’héritage, le mariage et la mort sont entre autres thématiques abordées dans ce livre.

En quête de soi

Les souvenirs d’enfance de Talia, dans la « cité des Askia », l’envahissent à sa descente d’avion. Cette ville de Gao, autrefois accueillante, est désormais investie par des militaires à bord de pickups. Une ville où les populations sont sur le qui-vive malgré un retour relatif à la vie normale. Les commerces s’ouvrent peu à peu, la jeunesse recouvre de plus en plus sa liberté avec l’ouverture des lieux de loisirs.

« Le séjour dans l’eau ne transforme pas un tronc d’arbre en crocodile ». Cette citation de l’écrivain malien Seydou Badian illustre parfaitement la situation de Talia. Jeune fille citadine, imprégnée par la culture occidentale, Talia se doit désormais de se réconcilier avec sa propre culture. Elle découvre à ses dépens combien cette culture était importante et sacrée. Elle est humiliée dans chacune des familles de proches auxquelles elle rend visite. Son habillement jugé inapproprié voire impudique et son comportement attaqué de partout. Beaucoup pensent que Talia s’est coupée de sa culture en épousant celle d’autrui.

Ses déboires ne s’arrêtent pas là. Car viendra ensuite la difficile quête de soi, la quête identitaire. Que savait-elle de son histoire familiale qui était enfouie dans les tréfonds du secret ? Pas grande chose ! La jeune fille décide donc d’aller à la découverte de soi, de son histoire et de son identité.

Son grand-père, Pierre, est issu d’une relation amoureuse presqu’interdite entre un colon blanc, Raymond et une jeune fille de Gao Déda, qui fut abandonnée par son compagnon sans aucune explication alors qu’elle était enceinte de Pierre.

Un talent promoteur

Pierre n’a jamais fouillé dans ce passé sombre et douloureux. Il n’a jamais voulu savoir qui était son père ni d’où il venait. Il aurait rendu un grand service à sa petite fille en le faisant. Pierre décède d’une courte maladie sans pouvoir répondre aux multiples questions de Talia sur l’histoire familiale. C’est à la suite d’un long parcours que la jeune fille découvre la vérité sur son identité. L’histoire est-elle complète ?  Le récit de Pierre nous fait penser à celui raconté dans Hassan, le fils naturel du romancier Mohamed Diarra, mais sous une autre couture.

Et si tu ne me trouves pas au paradis est un long voyage, qui permet de découvrir la cartographie d’une ville meurtrie de Gao, se remettant des écueils de la crise et la quête d’une identité perdue dans les méandres de l’histoire dans lequel Hadèye Fofana transporte son lecteur.

La langue est maitrisée et le style bien travaillé. A cela s’ajoute la diversité et le choix des thèmes abordés dans le livre. Ces qualités font de la jeune auteure un talent prometteur.


Hadèye Fofana, Et si tu ne me trouves pas au paradis, Editions La Sahélienne, Bamako, 2021.    

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