Les réseaux sociaux offrent un cadre d’échanges et de partage d’idées en garantissant la diversité des opinions. Mais, ils ne permettent pas l’éclosion d’un débat policé.
Ce qui devrait être un espace convivial, d’échanges et de partage d’idées ressemble très souvent à un ring de boxe où on s’affronte à coup de publications pernicieuses, antipathiques et saugrenues. Bienvenue dans la jungle des réseaux sociaux !
Bien sûr que le tableau n’est pas complètement noir. Les réseaux sociaux sont de magnifiques outils pour communiquer et rapprocher les gens. Ils sont aussi un moyen de contestation politique et des leviers de changement social. De nombreuses entreprises s’en servent aujourd’hui pour promouvoir leurs produits ou services. Même si tout n’est pas blanc non plus.
Aplanir les divergences
Sur le réseau social Twitter, on observe des restrictions notamment sur le nombre de mots que nous pouvons utiliser dans un post. Ce qui nous pousse à être laconiques et concis dans nos publications. Même s’il offre la possibilité de faire des threads ou de longues publications comme sur Facebook. On est toujours obligés d’être concis parce que les internautes ne lisent presque jamais les publications en entier.
Ce qui nous amène à réfléchir en fonction de l’espace exigu de notre mûr de publication, mais également de nos lecteurs. Nous sommes souvent contraints de condenser nos réflexions et de circonscrire nos publications.
Le danger, avec de telles pratiques, c’est que les internautes n’ont ni le temps ni la patience d’échanger pour aplanir les divergences après.
Jugements hâtifs
Quand tout le monde parle, personne n’écoute. Et quand personne n’écoute personne, les préjugés et jugements hâtifs l’emportent. C’est autant risible qu’inquiétant lorsque, pour des prises de position, on peut facilement être taxé de vendu (toujours à la France !), de corrompu ou d’individu manipulé.
Certaines femmes, parce qu’elles défendent le droit des femmes, sont considérées comme des démones de l’Internet venues pervertir notre société. Dépendant du parti politique que nous supportons, nous pouvons être patriotes ou arrivistes.
Tout cela démontre que sur Internet, on réfléchit peu ou mal, et que nous sommes à l’ère de la polarisation des idéologies, un genre de manichéisme ou tout est blanc ou noir.
Polarisation
Sur les réseaux sociaux, on ne discute pas vraiment car chacun vient avec des aprioris. Chacun a une position figée, c’est nous contre les autres. Les débats sur la crise sociopolitique autour de la crise sociopolitique au Mali, avant la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita, dit « IBK », en ont donné la parfaite illustration. Ils étaient polarisés entre ceux qui voulaient la démission du président, en majeure partie les partisans du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et les pro-IBK.
Pourtant, la situation était beaucoup plus complexe. Après la démission d’IBK, la même tendance s’observe concernant la transition, opposant le camp favorable à une transition militaire à celui qui réclame un civil à la tête de cette période délicate pour le pays. Finalement, un militaire à la retraite a été désigné pour diriger la transition de 18 mois. De plus en plus, nous assistons à des débats sans nuance et sans saveurs. Ce qui entache un peu le charme des réseaux sociaux.