Malgré le décret n°41-PRM du 27 septembre 2006, qui interdit le téléphone au volant, le phénomène prend une proportion inquiétante dans notre pays. Les accidents deviennent quotidiens.
Cette pratique, qui est une infraction, est l’un des éléments déclencheurs de nombreux accidents sur nos routes. Rien que pour le mois de septembre 2019, la direction régionale de la protection civile de Kayes a enregistré 80 cas d’accidents de la circulation dont 201 blessés et 5 morts.
Selon Tioukiri Dao, lieutenant-colonel et directeur régional de la protection civile de Kayes, « l’usage du téléphone en circulation est l’une des causes principales de nombreux accidents de la voie publique. » L’officier ajoute : « La pratique est courante à Kayes, comme si on ne savait pas que c’est dangereux ». Chaque année, des campagnes de sensibilisation sur le codes de la route sont initiées par l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER), mais le non-respect des dispositions interdisant le téléphone en circulation persiste.
Responsabilités partagées
On a tendance à croire que l’État doit tout faire. Pourtant, nous sommes les premiers responsables du non-respect du code de la route. Notre incivisme nous fait pourtant perdre des proches sur les routes, malgré tout nous continuons à récidiver. Il est facile d’accuser à chaque fois les autorités, mais que faisons-nous pour améliorer les choses ?
Moussa Porgo est conducteur d’un véhicule de transport depuis 6 ans. En 2017, téléphone au volant, il a failli perdre la vie. Depuis, le téléphone au volant est devenu presque son totem. « Pour moi, cet accident a été une leçon. J’étais presque mort. J’ai compris qu’il n’y a rien de plus dangereux que d’utiliser son téléphone au volant. Je garde un très mauvais souvenir de cette pratique qui a failli me coûter la vie. Aujourd’hui, même en marchant, je suis prudent », confie-t-il.
Le rôle des médias
Les médias, surtout les radios de proximité, ont un rôle capital à jouer dans la sensibilisation. La radio, moyen d’information le plus accessible pour les populations, peut beaucoup contribuer à changer les comportements.
L’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes peut également aider à lutter contre ces mauvaises pratiques. Les blogueurs font un travail remarquable sur le terrain. Le ministère des Transports doit étendre sa collaboration avec eux pour arriver à toucher plus de personnes.
Appliquer les sanctions
Si la sensibilisation ne produit pas d’effet, il faudrait une application stricte des sanctions à l’encontre des contrevenants au code de la route. C’est ce que propose le chef de l’antenne régionale de l’ANASER, Ibrahima Sidibé.
Comme sanction, on peut introduire le système de retrait du permis de conduire en vigueur dans plusieurs pays. Les auteurs des accidents sont suspendus de toute activité de transport pendant un certain temps.
Au Mali, plusieurs cas d’accidents sont enregistrés sur nos routes chaque année. Ces chiffres sont alarmants et doivent interpeller tout le monde pour qu’ils luttent contre les mauvaises pratiques dans la circulation routière.