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Mali : appliquer la loi sur la protection des données personnelles

Dans ce billet, le blogueur Aliou Diallokei revient sur la descente musclée des agents de la Brigade d’investigation spéciale à la gare d’où partent les bus pour la Guinée, et dont les images ont fait le tour de Facebook. Pour lui, le fait pour les forces de l’ordre d’autoriser une personne à filmer cette opération est en porte-à-faux avec la loi. Donc, des sanctions doivent tomber.

L’insécurité grandissante à Bamako avec son corollaire d’assassinats, de braquages et l’indignation que cela a suscitée, ont poussé les autorités à lancer une opération d’envergure. Cette opération, étalée sur plusieurs jours, a permis de mettre le grappin sur beaucoup de malfrats. Comme on le voit depuis quelques années, les réseaux sociaux ont été associés à la médiatisation de ces opérations policières.

Ils sont nombreux, les citoyens à la quête de « buzz », qui ont usé de leur téléphone pour filmer les décentes musclées des forces de l’ordre dans les « ghettos », le refuge des malfrats, ou encore les quartiers malfamés pour ensuite publier les vidéo sur les réseaux sociaux. Ces personnes ne se soucient guère du droit à l’image des présumés bandits, ce qui est très dangereux.

Descente musclée à Djicoroni Para

Pour eux et une majorité de Maliens lambda, ce sont des bandits, par conséquent, ils n’ont droit à rien ! « Mais pourquoi, masquent-ils les visages des voleurs qu’ils arrêtent ? », se demande Nouh, un jeune homme de mon quartier, qui est tombé sur une photo qui montre deux présumés voleurs sur Facebook, dont les visages ont été floutés.

Le cas qui a suscité beaucoup d’indignation et qui fait couler beaucoup d’encres, même au-delà de nos frontières, est celui de la gare de Djicoroni-Para. Une scène digne d’un film d’action. Là, on entend celui qui filme répondre au téléphone : « Je suis en opération avec les policiers ». Ce qui ne fait aucun doute qu’il filmait en parfait accord avec les forces de l’ordre, qui procédaient aux arrestations. Dans cette vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, on distingue clairement les visages de ces hommes et femmes auxquels on ordonne de se coucher par terre.

Sanctionner les contrevenants

Elles sont nombreuses les conséquences de ce genre de légèretés autant chez le citoyen lambda que chez les forces de l’ordre. Nous sommes dans un pays où beaucoup de personnes ne savent pas faire la part des choses. Plusieurs personnes se sont retrouvées traitées de bandits sur les réseaux sociaux, alors qu’ils ont juste été au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils sont aussi nombreux d’ailleurs ceux qui ont été vite libérés, mais les vidéos continuent à circuler et continuent à compromettre leur image.

Ces genres d’actes peuvent être assignés en justice selon les textes de l’autorité pour la protection des données personnelles (APDP). Le Mali dispose, depuis 2013, d’une disposition appelée loi 015 du 21 mai 2013, qui encadre l’utilisation des données personnelles. Cette loi prévoit de lourdes sanctions pour les contrevenants.

L’État doit l’appliquer avec rigueur. Surtout si ce sont les forces de l’ordre, donc des personnes sous l’autorité directe de l’État, qui la violent. À quoi cela sert-il d’élaborer des textes si on n’est pas capable de les appliquer ? Auprès du grand public, il faut vulgariser la loi 015 du 21 mai et que chacun sache ce qui est admissible ou pas.

 

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