En cette fin décembre, le blogueur Aliou Diallokei est allé rencontrer à Niamana une centaine de déplacés venus de Bankass, au centre du Mali. Ils ont trouvé refuge dans ce camp de fortune aux portes de Bamako.
Deux grands hangars en tôle font office d’abri. Juste devant ces hangars, deux grandes marmites sont posées sur le feu. Il est 11 heures. Une dizaine de jeunes gens discutent à proximité, pendant que des femmes et jeunes filles s’activent çà et là pour faire à manger. Un peu plus loin, un grand espace où les enfants, pour la plupart nus, défèquent à même le sol. Bienvenue chez les déplacés de Bankass.
« Je ne comprends pas Bambara », répond une vieille dame assise sur un bout de bois, les yeux dans le vide, que j’ai abordée en premier lieu. En effet, la plupart d’entre eux ne parlent que la langue peule et n’avaient jamais quitté leur Bankass natal. La dégradation des conditions sécuritaires dans le centre du Mali a poussé ces hommes, femmes et enfants sur le chemin d’un déplacement aux conséquences humanitaires graves.
« Nos animaux tués, nos céréales incinérées, nos charrettes brûlées »
« Un beau matin, contre toute attente, mon village a été attaqué, m’a raconté un de ces déplacés. Nos animaux tués, nos céréales incinérées, nos charrettes brûlées. On a passé plus d’une semaine à errer dans des broussailles, et c’est ainsi qu’on a fini par joindre nos parents et enfants qui ont cotisé pour envoyer un car. Le car nous a récupérés à Dori (région du Sahel au Burkina Faso, NDLR), à 7 km de Bankass ».
Ce récit est peu ou prou le même que celui de toutes les personnes interrogées dans ce camp de fortune. Ces déplacés sont du cercle de Bankass ; parmi eux, beaucoup d’enfants à peine âgés de 10 ans.
Catastrophe humanitaire
Ces déplacés sont au nombre de 113, selon le président de la jeunesse de l’association pour la défense de la culture peule Tapital Pulaaku Mali, Hamadoun Dicko. Ils ont rallié ce site de Niamana le 20 décembre 2018. « L’ONG Social Development nous a donné des couvertures, des nattes et une quête a été organisée par les travailleurs du Garbal(marché à bétail de Niamana), précise Hamadoun Dicko. Ce sont ces aides qui permettent à ces personnes de faire à manger pour eux et leurs enfants et de se protéger contre le froid glacial en cours actuellement à Bamako ».
« Nous voulons de l’aide. Nous n’avons rien à part les habits que nous portons ! Nous avons tout perdu », m’a confirmé Amadou, un vieil homme, septuagénaire, qui dit n’avoir jamais quitté Bankass auparavant.
Villages abandonnés
L’insécurité qui sévit dans la région de Mopti, surtout dans le plateau dogon aujourd’hui, fait fuir beaucoup de ses habitants. Beaucoup de villages ont été abandonnés. Mais, c’est maintenant que Bamako commence à accueillir ces déplacés. Après ceux de Bankass, une centaine de personnes sont venues se réfugier au jardin public de Faladiè, un quartier de la commune VI de Bamako. Une information que j’ai reçue d’un membre de Tapilal Pulaaku.
Si nous n’y prenons pas garde, les risques d’une catastrophe humanitaire grave ne sont pas à écarter.