A Niafunké, les services de santé reproductive perturbés par l’insécurité
Photo : AMISOM
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A Niafunké, les services de santé reproductive perturbés par l’insécurité

Climat socio-culturel défavorable, menaces des groupes armés, à Niafunké comme dans beaucoup de localités du nord et centre du Mali, les services de santé de la reproduction et de planification familiale (SR/PF) sont affectés par la situation sécuritaire.

Le Mali vit une crise multidimensionnelle depuis 2010. La situation affecte tous les secteurs d’activités et prive de nombreuses populations d’accéder aux services sociaux de base comme la santé.  Les services de santé de la reproduction et de la planification familiale sont les plus touchés.

Selon Dr François Diarra, coordinateur régional de l’ONG Marie Stopes  à Tombouctou, les acteurs de la promotion de la PF font face à différents dangers. « Le client.e qui recourt aux services de PF risque des menaces ou d’agressions de la part des membres de sa famille. Dans certains endroits, il est difficile d’offrir des prestations pendant la journée sous peine d’être agressé ou mal compris. Cette situation oblige parfois à faire des prestations à domicile ou pendant la nuit », explique-t-il. Aussi, le climat sécuritaire et l’environnement socio-culturel, peu favorables, empêchent des animations de masse sur la PF dans certaines localités, ajoute le professionnel.

Menaces des groupes armés

A cette atmosphère délicate viennent s’ajouter les risques d’enlèvements des DTC, sages-femmes et infirmiers par des groupes armés. « Les nouveaux maitres des lieux ont interdit la fréquentation de centres de santé dans certains lieux. Ils ont également interdit d’exposer certains produits en particulier les préservatifs et le model pénis », affirme Dr François Diarra.

Un agent de santé qui requiert l’anonymat se confie : « J’ai déjà été interpellé par les djihadistes parce que je transportais une infirmière sur ma moto. Un homme et une femme ne doivent plus monter sur une même moto. Mais aussi, ils soutiennent que nous incitons à la débauche. Ils m’avaient intimé d’arrêter ce que je fais, sinon ils me tueront.»

Dans certaines localités, la PF se fait discrètement pour la sécurité des client(e)s. « Nos messages ne sont pas bien perçus dans certaines localités. Nos outils (le modèle penis) peuvent exposer au risque d’insécurité, d’atteinte à la liberté ou même à la vie », déplore Dr François Diarra.

Accès limité au système de santé

Pour D.A, sage-femme au C.S.Réf de Niafunké, beaucoup de personnes sont sous l’influence du cercle familial. « Dans certaines familles, la femme ne peut pas se rendre dans un centre de santé sans l’aval du chef de famille. Ce chef de famille peut être le père ou le frère ainé de son mari », confie l’agente de santé. Qui nuance tout de même que « de plus en plus, les femmes comprennent l’importance de la PF. Elles viennent nous voir discrètement ou se font accompagner par leurs maris ».

L’acceptation de la  PF varie selon les lieux. « Niafunké est une zone fortement enclavée, quand on se trouve en zone plus accessible (le centre,) on observe une bonne perception de la PF, contrairement aux zones à accessibilité limitée au système de santé », soutient Dr François Diarra.

Légère embellie

Grâce au Projet d’appui pour la relance du bien-être de la femme de l’enfant et du nouveau-né (PARENT), qui intervient dans 50 centres de santé de la région de Tombouctou, et les efforts d’autres partenaires engagés pour la promotion des services de santé de la reproduction et la planification familiale, les choses s’améliorent. « Les statistiques s’améliorent petit à petit. Les services sont passés de 2% à 4% dans le cercle de Niafunké et globalement de 8% à 12% dans l’ensemble de la région de Tombouctou depuis 2021 », se réjouit François Diarra.

« Personnellement, je n’ai aucun problème à aller demander des préservatifs. C’est gratuit et c’est pour mon propre bien. Aujourd’hui, les jeunes filles et garçons n’ont plus de complexe par rapport à la contraception grâce aux réseaux sociaux et aux différentes campagnes de sensibilisation », témoigne M. Maiga, 26 ans.

H.T, la trentaine et mère de 3 enfants, est adepte de méthodes traditionnelles de contraception. La jeune femme justifie ce choix par sa croyance religieuse. « Dans notre société, avoir beaucoup d’enfants est une bénédiction. Beaucoup ne comprennent pas le fait de limiter les naissances », ajoute-t-elle.

Quant à A.D, une femme au foyer, habitant dans la ville de Niafunké, elle est soutenue par son mari. « Mon mari me soutient entièrement dans la planification familiale. Ce qui n’est pas le cas de beaucoup de femme dans nos villages », affirme-t-elle.

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