Au Mali, Internet, les sites pornographiques et le cercle d’amis se substituent aux parents dans l’éducation à la santé de la reproduction des enfants et des jeunes. Ce n’est pas sans conséquences.
La société malienne est largement conservatrice quand il s’agit de sujets sensibles comme la sexualité des jeunes. Malgré les campagnes de sensibilisation et de plaidoyer en faveur de la promotion de la santé, des droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes, la sexualité demeure un sujet délicat à aborder entre parents et enfants.
Les adolescents et jeunes ont besoin d’être informés sur leur vie sexuelle pour se protéger et protéger leurs compagnons des problèmes que peuvent engendrer des comportements sexuels irresponsables. Et préserver ainsi leur santé et leur bien-être une fois qu’ils seront adultes.
Discuté de la sexualité avec ma mère n’était pas aisé.
Ma chance était d’avoir connu tôt les espaces sécurisés où on en parlait.Combien de jeunes ont cette chance?
Les parents peuvent faciliter l’accès à l’info et briser le tabou@BenbereM s’y investit aussi#onendiscute pic.twitter.com/2PtGv4OUfH— SALIFOU Aïchatou (@saliaichat) September 10, 2021
Il est de la responsabilité des parents de bien sensibiliser leurs enfants sur la santé de la reproduction à mesure qu’ils grandissent. Sinon les enfants s’informeront par leurs propres canaux avec les risques que cela comporte. Notamment pour ceux qui misent sur Internet pour leur initiation à travers les films pornographiques. « Personne n’ose parler de sexualité en famille. Tout ce que j’ai appris, c’est à travers Internet ou avec des amis », témoigne Mariétou, une adolescente d’à peine 19 ans.
A la solde des Occidentaux
Pour Moussa, enseignant et père de famille, la sexualité est partie intégrante de la vie de l’être humain. A cet effet, il ne doit pas susciter de controverse. « Il faut vraiment que les gens comprennent que la bonne information sur la sexualité est un élément important pour la stabilité d’un individu ou d’un couple », affirme l’instituteur.
Tous ne pensent pas comme Moussa. Certains assimilent l’initiation des jeunes à la santé de la reproduction à une perversion. « Nous ne voulons pas que notre société tombe dans le libertinage. Parler de sexualité à nos rejetons, c’est s’éloigner de nos valeurs sociétales et des paroles de nos religions », juge ce chef de famille, farouche opposant de la promotion de la santé reproductive et la planification familiale. Il accuse même les acteurs de la promotion des droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes d’être à la solde des Occidentaux.
Contrairement à nos deux interlocuteurs, Delphine, elle, pense qu’il ne sert à rien de vouloir entretenir un mystère autour de la sexuelle pour les enfants. Pour elle, il n’y a rien de nouveau à enseigner aux enfants de nos jours, ils ont juste besoin d’être encadrés. « On ne peut rien apprendre à nos enfants sur la sexualité. Ils savent tout à travers la pornographie et l’Internet. Il faut juste les encadrer pour éviter d’autres conséquences inattendues parce que tout ce qu’ils voient n’est pas vrai », conclut-elle.
Vous pouvez aussi relire sur Benbere :
[Témoignage] Éducation sexuelle : comment Internet a remplacé mes parents