« Que du slam », un réquisitoire contre les maux du Mali
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« Que du slam », un réquisitoire contre les maux du Mali

« Que du Slam », premier album du groupe féminin de slam Maralinké, est une ode poétique qui dénonce les maux du Mali.

A Bamako, le slam gagne de plus en plus d’adeptes au sein de la jeunesse, et se féminise. Les jeunes filles s’en servent comme un medium de revendication et de dénonciation, à l’image de Maralinké, premier groupe féminin de slam au Mali. Il vient de mettre sur le marché son premier album intitulé Que du slam.

L’album, riche de dix titres dont quatre collaborations avec de jeunes rappeurs et slameurs, est financé par le ministère de la Jeunesse et des Sports dans le cadre d’un projet de soutien aux actions des jeunes. Le duo de Maralinké (Wesh et Mally la slameuse, la troisième, Bamby étant au Canada depuis début 2020 pour les études) dresse un réquisitoire dénonçant les maux du Mali. Il s’agit aussi d’une symphonie de poésie rimée, du flow coulant et d’un rythme musical apaisant. Les mots, Maralinké sait se les approprier et les manier à sa guise. Comme en témoigne le contenu garni de thématiques aussi brulantes que d’actualité : l’immigration clandestine, le mariage forcé, l’alcoolisme de la jeunesse, la méchanceté, la mal gouvernance…

La cause des sans-voix

Déjà le premier titre Bamako, en featuring avec le jeune rappeur Baleme, donne le ton en dénonçant la consommation de l’alcool et d’autres stupéfiants par les jeunes dont la plupart finissent par quitter les bancs de l’école et tomber dans le banditisme : « A Bamako/C’est la belle vie/On se laisse emporter par ses envies ». Une ville où, «la civilisation domine la culture».

Waati Sera (Il est temps) parle de l’immigration clandestine. Chanté en partie en langue bamanankan et accompagné du son saisissant de la flûte, ce titre dénonce « la corruption, la pauvreté, les conflits armés  et la mal gouvernance ». Des fléaux qui poussent certains jeunes « à mettre le voile » pour un eldorado imaginaire. Les jeunes slameuses espèrent, à travers ce texte, amener les candidats à l’immigration à « changer d’avis ».

Que du slam  est plein d’expressions métaphoriques. Le titre Méchant, une collaboration avec le slameur ivoirien Placide en est la preuve. Placide y « […] tranche des gorges avec des vers tranchants ». Tandis que Mally, « maléfique à l’esprit poétique », se définit comme « actrice principale de ce film d’horreur dont le titre est la vie ». Ce titre tire la sonnette d’alarme sur la méchanceté ordinaire et rappelle au nécessaire retour à nos valeurs sociétales. Dans le titre métaphorique Lettre à mon âme, avec Soukouna Diarrafa (championne de Massa slam 2020), l’accent est mis sur la force des mots, considérés comme « une arme » pour dénoncer, revendiquer et défendre la cause des sans voix.

Un coup de maitre         

Cependant, l’album ne fait pas que critiquer et dénoncer. Il exprime également toute la reconnaissance des artistes, comme en témoigne Cœur brisé, un texte qui rend un vibrant hommage à l’un des grands soutiens du groupe à ses débuts. Il s’agit de l’artiste flutiste Ismaïla Soumaré, dit « Zouzou », décédé en début d’année. « Je suis une âme percée voulant ton retour […] Depuis ton départ, mon univers est vide ». «Ce texte est une lettre qui nous a été donnée par l’art pour rendre hommage à un frère de plume et d’art ». Le tire Ne ba (« Ma mère »), réalisé en collaboration avec Dr Keb, magnifie la mère, « une création divine qui te protège ».

Ce premier opus, le coup d’essai du groupe Maralinké est un coup de maitre tant pour le groupe que pour le jeune arrangeur Mohamed Dembélé, alias « Medhy », qui en est aussi à son premier album produit.

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