La peur de l’autorité et la course au gain quotidien et au bonheur personnel au détriment de celui de la collectivité ont fini par créer des citoyens silencieux et frileux pour revendiquer leurs droits ou s’indigner face aux abus des pouvoirs publics.
Subir, supporter et laisser faire : c’est la posture du citoyen malien. Vis-à-vis des dirigeants, il semble avoir fait comprendre que ses droits et son bonheur comptent moins et que peu d’efforts suffisent pour le contenter. Pourtant, le pouvoir que détiennent les dirigeants leur est confié par les citoyens. Par le vote, ces derniers élisent leurs représentants qui doivent travailler, sans cesse, à œuvrer au bonheur commun.
Par le paiement des impôts et taxes, ils contribuent à mettre à la disposition des pouvoirs publics les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. L’État est donc au service des citoyens. Les dirigeants sont appelés à trouver des réponses aux préoccupations de leurs concitoyens. C’est sur cette base que les premiers bénéficient de la confiance des seconds.
« Rien ne marche et rien ne change »
Le drame au Mali est qu’une fois au pouvoir les dirigeants perdent tout le sens des exigences de leur responsabilité. Les services essentiels ne sont pas ou mal fournis. Ainsi, l’équilibre des relations entre autorités et citoyens devant se manifester par des actions de désapprobation, de protestation et d’interpellation, n’est pas effectif lorsque les attentes ne sont pas comblées. Ce qui fait qu’au bout du compte, « rien ne marche et rien ne change », pour parler comme ce citoyen outré, qui s’exprimait sur un plateau de télévision.
Alors que le jeu institutionnel est censé fonctionner de sorte à faire porter par des institutions les voix des citoyens afin que leurs préoccupations soient entendues et résolues par les autorités, la réalité est à l’opposé de l’esprit des textes. La « politique politicienne », comme on aime à le dire, a pris le pas sur la défense des intérêts des populations. Les calculs politiques priment sur les intérêts et le bien-être des populations. Les jeux d’alliance et de copinage, au gré des intérêts politiques, ont eu raison du sens des responsabilités de ceux qui sont censés être les porte-voix des populations.
C’est pourquoi, il appartient désormais aux populations de chercher à se faire entendre, en attirant l’attention sur elles et en luttant avec détermination pour la prise en compte de leurs aspirations. Cela passe, sans doute, par un éveil citoyen, une nouvelle inspiration citoyenne. Comme un seul homme, les Maliens doivent désormais s’indigner des conditions misérables dans lesquelles on voudrait les maintenir et avoir le courage de se mobiliser pour dénoncer les abus et atteintes à leurs droits. Avoir le courage de se battre pour des conditions de vie meilleures.
Se battre pour le bonheur commun
La même foule, qui a l’habitude de se mobiliser pour apporter sa satisfaction et son soutien aux autorités, doit également prendre les rues pour dénoncer des situations, réclamer des droits et des conditions de vie meilleures dans le respect des règles républicaines.
Plus jamais, aucun dirigeant ne doit se sentir si libre et à l’aise pour oublier de se battre pour les intérêts des populations. Il doit, obligatoirement, œuvrer au bonheur collectif. L’opinion publique nationale doit, désormais, compter pour nos gouvernants. Et ce sera aux populations d’imposer cela.
L’éducation, la santé, la construction des infrastructures, l’accès à l’eau et à l’électricité, à l’emploi, à un environnement sain doit être une exigence des populations et une obligation pour les dirigeants.
Pour cela, il faut que chaque Malien pense à la collectivité et au pays et accepte de se battre pour le bonheur commun. C’est ainsi qu’on fera le Mali de nos aspirations.
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