[Tribune] Israël-Palestine : le grand silence africain
Image : Hosny sala
article comment count is: 0

[Tribune] Israël-Palestine : le grand silence africain

Face à un conflit qui dure, tous ceux qui peuvent intervenir se confortent dans les positions initiales et se taisent. Comme si rien ne se passait.

Alors que les bombes israéliennes sont déversées depuis quelques jours sur la bande de Gaza, tuant hommes, femmes, enfants et bêtes, aucun murmure ne se fait entendre. Comme si rien n’était possible pour arrêter la déferlante aviation israélienne dans son exercice. Quand, du côté gazaoui, les survivants constatent que leur monde s’écroule, ils se radicalisent et sont animés de la volonté d’une vengeance. Une vengeance qui se traduit alors par des jets de cailloux comme pour dire que l’intifada ne finira jamais.

Vers la disparition de la Palestine 

Dans cette guerre, rien ne semble distraire les fondamentaux religieux des deux parties. D’une part, Israël réclame une terre promise, de l’autre côté la Palestine veut récupérer une terre qui est décrite comme la sienne. Aucun compromis ne semble possible, aucune diplomatie ne semble pouvoir réussir. Et le résultat est catastrophique depuis l’échec dans l’application de les accords de Camp David, pourtant réussi par des grands hommes.

Du côté israélien, les sionistes n’entendent pas lâcher un seul morceau. On a vu progressivement naître une politique d’occupation. Une épreuve alors plus que difficile pour des palestiniens coincés entre le Fatah et le Hamas. Au final, ce sont bien les islamistes qui gagnent le bras de fer. Comme pour dire, encore une fois, que dans ce conflit la diplomatie n’a pas sa place. C’est un conflit des extrêmes entre les sionistes israéliens et les islamistes palestiniens. Mais, il y a des populations qui meurent.

Échec de la communauté internationale

Pour les pays qui siègent au Conseil de sécurité, chaque recrudescence des tensions au Moyen-Orient est une épreuve qui fait trembler les murs de l’ONU. La peur est bien pour ces grands diplomates une des plus effrayantes. Certains ne l’ont jamais caché. On aura beau parler et condamner la recrudescence de la violence, aucune action n’est conduite devant la CPI, aucun changement de position au niveau de ces grandes puissances. Pour les États-Unis, toucher à Israël ou mettre en cause les actions de l’État juif est non avenu. Et c’est la même position pour ses alliés, d’autant plus que la France et l’Allemagne ont une histoire particulière avec l’État juif.

De l’autre côté, les alliés de la Palestine se font si rares. La situation fait perdre à la Ligue arabe, devenue un modèle d’impuissance, sa consistance. Ils étaient déjà rares depuis une décennie, mais c’est un silence total depuis quelques années. Aujourd’hui, pour un État, être un soutien de la Palestine ou de la cause palestinienne est synonyme de se faire exclure du cercle des amis des États-Unis. Alors même que pour les enfants victimes de ce conflit, il n’y a plus de voix. Les droits de l’homme sont bien tombés sous le coup du statu quo international sur la question et c’est bien ici une limite de l’ONU dans sa forme actuelle.

Que dit l’Afrique ?

L’Afrique est silencieuse. L’Afrique n’a rien à dire. Le conflit israélo-palestinien divise les pays africains en profondeur. Beaucoup de pays, longtemps opposés à la politique sioniste, ont finalement normalisé ces dernières années leur rapport avec Israël. C’est le cas de certaines grandes puissances du continent comme l’Afrique du Sud et d’autres d’une autre proportion comme le Sénégal. La normalisation de ces rapports implique, pour ces États, une stricte place d’observateurs de cette crise. Ils n’ont rien à dire. Et comme pour le Sénégal, on mise sur la diplomatie, ce qui permet d’appeler les deux parties au calme et à la désescalade.

Sur le fond, cette division est plus affirmée, parmi les États africains. Il y a des supporteurs de l’État juif et de la Palestine. Et la division atteint plus encore les populations, qui se positionnent. On trouvera en Afrique centrale et australe des supporteurs de l’État juif, et vers l’Ouest et le Nord les supporteurs de la cause palestinienne. Mais, au final, qu’est-ce que l’Afrique peut changer en l’état dans ce conflit ? Rien. La voix de l’Afrique ne pèse pas parce que la diplomatie africaine, en référence à celle de l’Union africaine, est très faible.


  • Mohamed Maïga est ingénieur social, intervenant sur les politiques socio-économiques de territoire. Il est le directeur de Aliber Conseil.
  • Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Benbere

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion