#SiraKura : la corruption électorale ou politique, le plus grand mal
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#SiraKura : la corruption électorale ou politique, le plus grand mal

La corruption pendant les périodes électorales apparaissent comme un réel problème dans le choix des représentants, dirigeants au Mali. Elle est même la base de la corruption économique par les élus une fois le poste gagné, selon le blogueur Moussa Naby Diakité.

Au Mali, l’’argent joue un rôle central dans les élections. La corruption commence d’abord au sein des partis politiques à l’occasion du choix des têtes de liste, lors des élections législatives par exemple. Les candidats ne sont pas choisis fondamentalement pour leur qualité intrinsèque, mais plutôt plus par leur capacité à payer une forte somme d’argent. La somme exacte varie selon l’importance du poste et de la localité, et est, au minimum, entre cinq à dix millions FCFA pour les grandes communes de Bamako par exemple. Les autres membres de la liste paient des sommes selon leur ordre de préséance, du premier au dernier.

Poids de l’argent

Cet argent est destiné aux électeurs et aux membres influents du parti, comme l’a décrit le politiste Lamine Savané dans une communication intitulée « Le poids de l’argent dans les élections au Mali : pouvoir et richesses ou les représentations de l’imaginaire (2019). » Selon M. Savané, cet argent intervient dans le processus électoral pour le transport des assesseurs, délégués, la nourriture, la formation.

Ainsi, beaucoup de militants sont exclus des candidatures faute de moyens financiers. Certains, désireux de figurer sur les listes, se tournent vers les commerçants et hommes d’affaires pour soutenir leur candidature par des prêts financiers, qu’ils peuvent promettre de rembourser par des attributions de marchés publics et autres opportunités.

Cet argent, prétendument destiné à l’animation des campagnes, n’est pourtant pas justifié. Il est, selon nombres d’analyses, utilisé aussi pour alimenter un processus de captation du vote : l’achat des voix des électeurs le jour du vote, qui constitue pourtant une cause d’invalidation du vote ou pendant les campagnes à travers des dons de marmites et bâches ou de chaises aux groupements de femmes qui imposent souvent cela comme condition de leur vote.

Le jour du vote, des partis mettent en place aussi des délégués devant les centres de vote pour acheter les voix des électeurs avec de l’argent liquide. Ils déboursent entre deux à cinq mille FCFA en contrepartie de la présentation d’une photo du vote. Il y a aussi le porte à porte pour proposer de l’argent, des bus de transport affrétés pour rassembler des gens et les faire voter en faveur du candidat du parti. Cette pratique de corruption, selon des témoignages, peut s’étendre même aux délégués de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), aux assesseurs et aux présidents des bureaux de vote pour modifier les procès-verbaux.

Limiter l’influence de l’argent

Fortement dénoncée par les acteurs politiques eux-mêmes, l’achat de conscience est à la base de plusieurs carences dans les gestions après les élections : l’argent déboursé est récupéré par la vente de parcelles, les spoliations de terrains, les détournements de fonds destinés au développement communautaire, le favoritisme et le népotisme dans les attributions de marchés.

L’État doit imposer des mesures fortes de contrôle des financements des campagnes électorales. Des mesures de nature à exiger des justifications de la provenance de tout cet argent avant et après les élections pour en avoir les traces de son utilisation. Ces mesures peuvent contribuer à prévenir les contestations électorales, les conflits dans les partis politiques.

L’État peut aussi fixer des plafonds pour limiter l’influence de l’argent dans le choix des candidats et aussi pendant les campagnes. Il faut assainir tous ces circuits pour plus de confiance entre les gouvernants et les gouvernés.

Le choix des représentants doit se fonder sur les programmes électoraux, sur des valeurs morales et les compétences. C’est cela qui pourra permettre aux élus d’assurer leur devoir de redevabilité aux électeurs.

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