Sur la toile, des jeunes se lancent un défi : partager pendant dix jours la couverture de dix livres lus et aimés sans faire de commentaire.
« Les livres ont été mes oiseaux et mes nids, mes bêtes domestiques, mon étable et ma campagne; la bibliothèque, c’était le monde pris dans un miroir; elle en avait l’épaisseur infinie, la variété, l’imprévisibilité. », écrit Jean-Paul Sartre, dans Les Mots, son roman autobiographique. Celui qu’Albert Camus critique sans le nommer, dans un passage du Mythe de Sisyphe, n’a connu qu’une enfance qui peut se résumer en deux mots : lire et écrire. Grand lecteur et écrivain, Jean-Paul Sartre est l’un des modèles qui inspirent plus d’un passionné de lecture, notamment ceux qui acceptent de relever ce qu’on peut appeler « défi lecture ».
Partager la couverture d’un livre déjà lu, c’est désormais le défi que les internautes maliens se sont lancés. Ce challenge a pour objectif de lever le voile sur sa bibliothèque et pousser les autres à la lecture. S’il n’a pas commencé cette année, ce challenge se tient en pleine période de pandémie de coronavirus où certains, en confinement ou non, cherchent des idées de lecture.
Ce défi s’étend sur dix jours. Dix jours pendant lesquels toute personne invitée à relever le défi doit partager chaque jour la couverture d’un livre lu et aimé sans commentaire. Ensuite, elle doit inviter à son tour d’autres personnes. Ainsi, si elles acceptent de relever le défi, ces personnes contribueront à animer le jeu en invitant d’autres. Cela vise non seulement à pousser d’aucuns vers la lecture, mais aussi à leur offrir des titres qui pourront les intéresser.
Promotion des écrivains
Amadou est membre du Club des lecteurs de l’Institut français du Mali, à Bamako. Son association est à l’origine de l’initiative cette année. « C’est une bonne chose que d’inviter chacun à partager la couverture d’un livre déjà lu, explique-t-il. C’est aussi est une occasion d’échanger des livres en version électronique. Avec cette activité en ligne, j’ai pu envoyer beaucoup de livres à ceux qui désirent les lire », se réjouit ce jeune qui est l’auteur d’un recueil de poèmes Des roses et des épines.
L’activité « défi lecture » a permis à beaucoup d’internautes de découvrir, pour la première fois, des auteurs inconnus ou méconnus d’eux. Pour d’autres, c’est aussi une façon de faire la promotion des écrivains. « A travers ce jeu, nous nous enrichissons et offrons un espace de promotion aux auteurs », explique Tiénan Koné, enseignant au lycée de Nioro, dans la région de Kayes.
Toutes choses qui prouvent que ce défi lecture est d’une grande utilité. Aussi, faut-il conclure par un conseil de Kant à ses étudiants : « Il recommandait aux étudiants les exercices de mémoire… Il nous disait de bien classer nos connaissances, et ensuite, lorsque la lecture d’un livre ou d’un journal nous apportait une information nouvelle de nous poser la question : ‘’À quoi se rattache ce que tu lis, où vas-tu le classer ?’’ »