Depuis quelques années, on assiste au retour des fonctionnaires retraités dans l’administration de certaines écoles privées de la ville de Mopti. Une opportunité perdue pour les jeunes diplômés.
À Mopti (ville), comme dans plusieurs capitales régionales, les écoles privées ont poussé comme des champignons depuis plusieurs années. Et on assiste de plus en plus au retour des enseignants fonctionnaires à la retraite pour diriger ces établissements.
Pour être directeur d’un établissement privé, il est demandé un extrait d’acte de naissance ou toute autre pièce tenant lieu d’extrait du casier judiciaire datant de moins de trois mois, d’une note biographique succincte portant sur les cinq dernières années, d’une copie certifiée conforme des diplômes d’études, d’un certificat de visite et de contre-visite et enfin la copie certifiée conforme de l’autorisation d’enseigner. Nulle part, il n’est question d’enseignant ou de directeur à la retraite.
« C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes »
La plupart du temps, les enseignants retraités sont rappelés pour leurs expériences dans l’enseignement. Ils sont plus aptes à gérer les difficultés du moment, car ayant été plusieurs fois confrontés à cela par le passé. Une autre raison est d’ordre financier : les retraités coûtent moins chers que les jeunes diplômés. Le salaire est souvent très bas et parfois à limite du SMIG (salaire minimum, 40 000 francs CFA par mois).
La plupart des retraités interrogés mettent en avant la nécessité. « Beaucoup d’entre nous reviennent par nécessité, car il faut joindre les deux bouts. La pension est certes perçue à la fin de chaque mois, mais l’emploi dans les écoles privées permet de pouvoir subvenir aux besoins courants et surtout pour les cas sociaux qui continuent même après la retraite. Une autre raison est le besoin d’être actif qui poussent certains à accepter de revenir», confie N. Bâ, directeur d’une école privée et ancien directeur d’école publique admis à la retraite en 2016.
Ce n’est pas la seule raison pour laquelle les promoteurs confient leurs établissements aux retraités. Ils jouent également sur la confiance et l’estime que les autorités scolaires ont pour ces derniers en raison de leurs expériences. Pour les académies d’enseignement et les centres d’animation pédagogique, les retraités connaissent les rouages de l’éducation.
« La jeunesse n’est pas un handicap »
Nous le savons tous, l’État ne forme que des futurs chômeurs pour la plupart issus des Instituts de formation des maîtres (IFM) et de l’École normale supérieure (ENSup). Le Mali forme plus d’enseignants qu’il ne peut employer. L’alternative qui s’offre à ces jeunes diplômés est sans nulle doute les écoles privées. Mais avec le retour en masse des enseignants retraités, ils perdent cette chance d’avoir accès à des postes dans les écoles privées en attendant leur intégration dans la fonction publique de l’État ou des collectivités.
Pourtant, beaucoup de jeunes sont parvenus à démontrer qu’ils méritent d’avoir leur chance. La jeunesse n’est pas un handicap, mais un atout. Ils ont prouvé de par leur jeunesse et leur dynamisme qu’ils peuvent faire prospérer des établissements sur lesquels personnes n’aurait parier. Les promoteurs d’écoles doivent se référer à ces jeunes pour, encore une fois, faire confiance à la jeunesse pour contribuer à la formation de qualité des enfants de notre pays.