La pénurie d’eau est devenue une question récurrente au Mali. Pourtant, des revendeurs d’eau tirent bien profit de cette situation, au-delà de ce qu’on peut penser. C’est le cas d’Ibrahim Togo, qui a réussi dans ce domaine pénible.
Ibrahim est natif de Bankass, dans le plateau dogon. Depuis son adolescence, il fait la navette entre son village et Bamako, la capitale. Il a dû traverser plusieurs épreuves difficiles pour arriver à se frayer un chemin dans une ville qu’il ne maitrisait pas forcement : « Je travaillais chez mon patron à Fasokanu comme gardien. J’étais payé à 15 000 francs CFA par mois pendant deux ans », confie Ibrahim.
Après plusieurs va-et-vient, entre le village et la capitale, l’objectif d’Ibrahim n’était toujours pas atteint. C’est pourquoi à son retour, en 2014, il change de quartier en déposant son balluchon à Titibougou, un quartier périphérique de Bamako, où l’eau est une denrée rare 9 mois sur 12, précisément d’octobre à juin. C’est dans ce quartier qu’il s’est reconverti dans la revente d’eau avec sa toute nouvelle charrette et son âne.
« Pas de sot métier »
« Tous les ressortissants de mon village qui ont appris la nouvelle se moquaient de moi. Pour eux, ce travail n’est pas fait pour moi. Je me suis dit qu’il n’y avait pas de sot métier. C’est une activité très lucrative par rapport à ce que je faisais avant », précise -t-il. Au début, tout n’était pas rose pour Ibrahim, car il fallait chercher des clients, se familiariser avec eux pour gagner leur confiance. « Je n’avais pas de clients au début. Mais, maintenant, j’ai atteint mon objectif de 3 000 francs par jour. C’est 6 fois plus élevé que le travail de gardien que je faisais », ajoute-t-il. « Au fur et à mesure que je continue à servir le peu de clients que j’avais, j’ai fini par gagner la confiance de beaucoup d’autres. Actuellement, je fais 11 à 12 tours avec ma charrette remplie de 20 bidons, ce qui me fait 14 300 francs à 15 600 francs par jour comme bénéfice. »
Oumar Diarra est un proche d’Ibrahim. Pour lui, n’eut été son courage, il n’allait pas être à ce niveau : « Ibrahim ne pourra pas servir ses clients s’il ne se levait pas à 3 heures du matin, pendant que les autres dorment. Il ne veut pas perdre ses clients en suivant le rang tout une journée .» Un autre ami, Karamako, confie qu’il a tenté la reconversion comme Ibrahim, mais a très vite abandonné.
Une réalisation surprenante
Ibrahim n’a pas dilapidé l’argent qu’il a gagné pendant 3 ans. Il sait qu’il a bataillé dur et doit économiser pour réaliser ses objectifs. « J’ai pu m’acheter une parcelle à Fombabougou en 2017, avec uniquement l’argent de la revente d’eau », raconte –t-il, le sourire aux lèvres.
Cette étape franchie, Ibrahim a vite construit une chambre et un salon pour quitter la location. Les affres de la location ne sont plus pour lui qu’un mauvais souvenir : « J’ai souffert ces deux dernières années, j’ai investi tout l’argent que j’ai gagné dans la construction de ma maison. Grâce à Dieu, ma maison est bien construite et je m’en réjouis. Aujourd’hui, j’y ai déménagé, malgré que la toiture soit en tôle. J’ai même ouvert une petite boutique pour mon petit frère », se réjouit Ibrahim. Malgré la pénibilité de la revente d’eau, Ibrahim ne compte pas abandonner ce métier qui l’a tant comblé.
Vraiment cette histoire donne de l’éspoir. Soyons solidaire.
Je connais un jeune à hippodrome2 qui fait ce travail avec une moto tricycle, les gens l’appellent Ditiki et répond waritiki .