Pour accroître la participation des populations des zones rurales aux opérations de vote, des agents électoraux étaient déployés sur le terrain avec des bureaux de vote itinérants sous le régime de Moussa Traoré. Une méthode considérée aujourd’hui comme archaïque. Pourtant, nous devons penser à replacer l’électeur à nouveau au centre de nos scrutins.
Difficile de faire voter les ruraux dans les grandes périodes de travaux champêtres ou d’élévage. Ils sont occupés à mener leurs activités quotidiennes. Très tôt le matin, ils prennent le chemin du champ ou conduisent des troupeaux pour les faire paître dans des zones plus favorables en végétation.
Pour pallier cela, l’État malien avait consenti des efforts pour déployer des agents électoraux sur le terrain. Le jour du vote, des bureaux itinérants étaient mis en marche, se déplaçant de site en site pour faire voter de nombreux électeurs.
Placer l’électeur malien au centre du processus électoral
De son site de travail, l’électeur pouvait facilement exercer son devoir civique. Le principe de la localisation du bureau de vote dans un lieu déterminé, comme pratiqué actuellement, n’aurait pu permettre une telle possibilité. Cette méthode avait pour objectif de mettre l’électeur au centre du processus de vote. Ainsi, l’offre de service était adaptée à ses activités ou habitudes sociales. Une telle mesure amenait l’électeur à se sentir directement concerné par l’action électorale. De fait, il se sentait privilégié et indispensable en tant que citoyen dans l’édification de son pays.
C’est tout le défi aujourd’hui : replacer l’électeur malien au centre du processus électoral. Pour ce faire, il convient d’innover notre système de vote tout en nous inspirant des succès de notre passé. La question du niveau de participation des maliens aux élections est au cœur des débats politiques et c’est le moment idéal pour engager de grandes réflexions sur les méthodes à employer pour stimuler l’électeur malien.
Changer le système de recensement et de répartition des électeurs
Pour nourrir les réflexions autour des propositions déjà existantes sur cette question, je propose d’ores et déjà de penser à changer le système de recensement et de répartition des électeurs entre les bureaux de vote. Parce que tout commence véritablement à ce niveau. Les personnes recensées dans le cadre du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) dans la même zone géographique deviennent électeurs dans ce lieu. Ce qui fait que, souvent, de nombreuses personnes ressentent moins l’envie de rejoindre leurs lieux de vote une fois éloignées de ces localités. Alors qu’on pourrait mieux organiser les électeurs par services de travail par exemple. Telle et telle personne appartiennent à un même service, il faut placer un bureau de vote à proximité ou les réunir en un lieu et leur faire parvenir des bureaux de vote mobiles qui offriront la possibilité à tous les employés d’un même service de voter du coup. L’idée est, donc, de réunir par activités ou proximité sociale des lots d’électeurs afin de les faire voter par une seule et même occasion. De cette manière, on pourrait trouver un début de solution à la problématique de la faible participation des Maliens aux opérations électorales.
Il est bon de penser à sortir des schémas tout conçus qu’on ne souhaite plus réaménager, parce qu’on s’est trop habitué à ne plus percevoir d’autres possibilités. Quand bien même ces schémas ont révélé leur inefficacité. Au moment où le citoyen malien refuse de plus en plus de se départir de ses tâches quotidiennes pour « tout simplement voter », il est important d’innover dans nos démarches afin de regagner son adhésion au principe du vote.