Promotion des arts : la critique, un métier à valoriser en Afrique
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Promotion des arts : la critique, un métier à valoriser en Afrique

Le métier de critique d’art agonise en Afrique où il n’existe quasiment pas dans certains pays, comme le Mali, malgré l’incroyable potentiel artistique que regorge le continent.

« Critique d’art en Afrique : quel avenir ?» était le thème d’un webinaire organisé, le 15 octobre dernier, par le site panafricain spécialisé en cultures Noocultures.info, à l’occasion de son premier anniversaire. Au cours de cette conférence virtuelle, des spécialistes de la question ont fait l’état des lieux et défini des perspectives pour l’avenir du métier en Afrique.

L’expression artistique est de plus en plus dynamique en Afrique, notamment dans les arts visuels, le cinéma, la littérature ou encore les arts de la scène. Cependant, la critique d’art, l’un des métiers qui doivent contribuer à ce dynamisme, reste encore embryonnaire sur le continent, notamment dans les pays du Sud. Il y a nécessité de réhabiliter le métier afin qu’il puisse pleinement jouer son rôle dans la promotion des arts sur le continent.

Métier devalorisé

Selon, Asma Drissi, journaliste et critique d’art spécialisée en cinéma et arts scéniques, « le critique se place en juge, se charge de dégager objectivement les points forts et les points faibles d’une œuvre d’art ». Dans le même registre, Domoina Ratsara, journaliste et critique de cinéma malgache, estime que la critique est une analyse qui consiste à donner des éclairages sur une œuvre afin de faciliter sa compréhension par le public.

Cependant, ce métier, censé contribuer à la promotion des arts, agonise en Afrique où il n’existe quasiment pas dans certains pays comme le Mali. Aujourd’hui, la qualité d’une œuvre d’art se mesure à la sensation créée par la communication des chroniqueurs et journalistes culturels ou encore au nombre de likes reçus sur les réseaux sociaux qui font l’éloge de l’œuvre d’art sans aucune analyse pertinente, sans aller en profondeur du message de celle-ci.

Cette situation dévalorise le métier du critique : « La critique n’est plus attendue par l’artiste qui cherche à remplir une salle pour son film, son spectacle ou son concert. Ainsi, le spectateur s’en fout de la qualité de l’œuvre, il va parce que tout le monde va au spectacle », pense Asma Drissi qui indique que cela détourne l’artiste de son miroir qui est la critique. Elle ajoute que l’artiste ne se rend compte des failles de son œuvre qu’au moment de la présenter à un concours, une manifestation culturelle ou à la recherche de financement.

Aussi, il faut noter que certains artistes ont peur de la critique parce qu’ils se disent que l’action du critique peut avoir une conséquence négative sur leurs œuvres. « Or, il a été démontré que plus la critique est positive sur un produit culturel, plus le produit est susceptible d’être consommé mais l’effet contraire peut se produire aussi », prévient Christian Guehi journaliste culturel et critique d’art ivoirien.

Miser sur la formation des critiques

L’absence remarquée de la critique d’art en Afrique peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Dans un premier temps, nous avons la rareté d’opportunités de formation en critique d’art. Vu qu’il n’y a pas d’école spécialisée en la matière, de nombreux passionnés apprennent le métier sur le tas. Aussi, le manque d’espaces pour la critique dans les médias constitue l’un des gros obstacles pour la survie du métier à peine valorisé sur le continent. « Il y a déjà un manque de personnel dans les journaux, car très peu d’intérêt est accordé à la critique. Au-delà du support, il y a un manque de temps aussi pour le critique de faire un travail bien approfondi. Car le critique a besoin de temps pour son travail », soutient Domoina Tatsara.

Le critique est un pont entre l’œuvre d’art et le public. Son rôle n’est donc pas négligeable. Il faut que nos institutions ou nos gouvernements comprennent que la critique occupe une place de choix dans la promotion du secteur artistique. Il faut miser sur la formation des critiques. Aussi, Christian Guehi préconise la création d’associations de critiques d’art dans chaque pays et une collaboration en synergie entre les critiques d’art et les journalistes culturels qui ont une mission identique : la promotion des arts et de la culture.

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