Le ministère des Transports et des Infrastructures a décidé, sur fond de bras de fer avec les usagers, de reporter au 17 février l’entrée en vigueur de la mesure liée au paiement par passage de la redevance péage au niveau de tous les postes. Un désaccord subsiste.
Le mercredi 3 février 2021 a été déclaré journée sans transport en commun à Bamako. En plus des camions bennes, les moteurs d’un grand nombre de taxis et de sotrama ainsi que d’autres moyens de transport sont restés éteints. Et pour cause. Les transporteurs et autres usagers, depuis l’annonce par le ministère des Transports et des Infrastructures de l’entrée en vigueur d’une mesure obligeant le paiement par passage au niveau des postes de péage, le 1er février, sont en colère.
Le lundi 1er février, la tension est montée d’un cran entre les conducteurs de camions bennes et les policiers au niveau du poste de péage de Koulikoro. La route a été bloquée, et les chauffeurs ont exprimé leur mécontentement concernant cette nouvelle mesure.
« Le paiement se fait à chaque passage »
« Le dimanche, je quittais Bamako pour Koulikoro quand j’ai vu écrit, au niveau du poste de péage, qu’à partir du 1er février la mesure concernant le paiement à chaque passage sera appliquée », témoigne Mme Sidibé Mariam Guindo, usagère. Elle ajoute qu’à son retour, le lendemain, au niveau du poste de péage de Massala, les gros porteurs se suivaient à la file indienne. Les agents du péage, tout en brandissant le communiqué du ministère, étaient catégoriques : le paiement se fait à chaque passage.
Contacté par Benbere, Mohamed Ould Mamouny, chargé de mission au ministère des Transports et des Infrastructures, a expliqué que cette mesure fait partie des décisions et recommandations du Conseil des ministres du 19 février 2020 : « Nous avons commencé à communiquer sur cette mesure depuis fin décembre 2020. Tous les canaux ont été utilisés. C’est une décision qui date de presqu’une année. Et dans les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), c’est ainsi que ça se passe. Les gens doivent comprendre que c’est important ».
Selon M. Ould Mamouny, cette décision a été reportée 2 fois (les 11 et 18 janvier 2021) en raison des tensions. L’argent récolté au niveau des péages, dit-il, ne représente que 10% des contributions sur le budget de l’entretien routier : « L’État seul débourse 80% du budget consacré aux entretiens des infrastructures routières. Mais notre État est faible actuellement », a-t-il ajouté.
Nouveau report
Sidibé, membre de la Fédération nationale des transporteurs routiers, dénonce une manœuvre pure et simple : « Les gens du péage nous demandent de payer à chaque passage. C’est inadmissible », proteste-t-il. Mme Sidibé estime que le ministre lui-même, Makan Fily Dabo, devrait effectuer une sortie pour éclairer les Maliens sur la manière dont l’argent des péages est géré. Sur les cinq années passées, combien les péages ont fait entrer dans les caisses ? Quelles sont les infrastructures routières qui ont été réalisées et quelles sont les entreprises qui ont exécuté le marché, à hauteur de combien ? « Je pense qu’avec plus de transparence sur ces détails, les Maliens seront mieux situés et sauront si c’est de l’arnaque ou pas ».
Le droit de passage est de 500 francs CFA pour les particuliers et 1000 francs CFA pour les transporteurs. Avec la grève, un nouveau communiqué de report a été publié par le département de tutelle dans la soirée du mercredi 3 janvier 2021. Il prévoie l’entrée en vigueur du paiement de la redevance péage par passage au 17 février.
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