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#SiraKura : promouvoir les filières scientifiques au Mali ?

Le taux des candidats au baccalauréat dans les filières scientifiques a baissé au Mali, passant de 51% en 1998 à seulement 3,5%. Les acteurs de l’éducation alertent sur ce que certains qualifient de « désastre » et appellent à œuvrer, par tous les moyens, à inverser la tendance.

Les filières scientifiques, réputées difficiles, attirent de moins en moins d’élèves au lycée. Un constat amer fait depuis des années.  Plusieurs facteurs sont évoqués : la peur bleue des mathématiques liée aux stéréotypes ambiants ; le taux élevé des échecs en Terminale sciences exactes et expérimentales ; le faible niveau de beaucoup d’enseignants au second cycle ; des programmes kilométriques dans les disciplines comme les sciences naturelles, physiques, chimiques ou techniques aboutissant à des évaluations longues et peu abordables pour la moyenne d’élèves.

Selon Yacouba Diarra, proviseur d’un lycée privé, l’enseignement théorique des disciplines scientifiques est lassant pour les élèves. Il estime que l’État malien doit doter les lycées de laboratoires et bibliothèques pour rendre l’apprentissage de ces matières plus pratiques à travers des expériences.

Un problème à attaquer depuis le second cycle

Il faudrait renforcer les fondamentaux des mathématiques et des autres sciences au plus bas niveau. Moussa Cissé, professeur de maths, défend cette thèse : « Pour maitriser et aimer les maths et les autres filières dites scientifiques, les élèves doivent acquérir une base solide depuis le second cycle. Cela nécessite des enseignants pédagogues et qualifiés. »

Dr Massaoulé Samaké, psychologue, nous invite à voir le problème sous un autre angle. « L’aversion pour les matières scientifiques, avance-t-il, est avant tout psychologique. L’inconscient collectif effraie les élèves.  Il n’est pas rare de voir des élèves brillants en maths au second cycle, mais qui optent tout de même pour des filières littéraires, sciences sociales ou économiques par peur de l’échec. »

Rendre les sciences plus attractives

Aminatou Diarra, professeure de maths-physique au lycée, appelle les autorités éducatives à une discrimination positive pour les élèves des filières scientifiques. Cela passe notamment par l’octroi de bourses dès le lycée et l’augmentation du montant à l’université par rapport aux autres filières pour attirer des élèves.

Un étudiant de la Faculté des sciences et techniques (FST) dénonce le manque d’accompagnement de ces élèves par l’État. Pour lui, le manque d’élèves est surprenant dans les filières scientifiques et les rares étudiants qui y évoluent ne sont pas dans de bonnes conditions.

Nous avons vu les conditions dans lesquelles les étudiants de la Faculté des sciences et techniques étudiaient avec les fameuses deux années par classe et beaucoup d’abandons ainsi que la difficulté des recalés du numérus clausus en médecine. Cela impacte les choix des élèves qui sont conseillés par leurs ainés.

Les initiatives comme la  « La fête des sciences » ou le «  Projet scientifique en herbe », nées d’une collaboration entre la Direction nationale de l’éducation et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), sont à saluer. La problématique est donc abordée par les autorités. Tout de même, il faudrait une réelle prise de conscience et une synergie des pouvoirs publics, de la communauté éducative et des parents d’élèves pour rehausser le quota des élèves dans ces filières.

 

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