Á Tombouctou, le Takoula garde sa place dans les assiettes
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Á Tombouctou, le Takoula garde sa place dans les assiettes

Malgré la présence de quelques boulangeries modernes, le pain traditionnel « Takoula », demeure le plus consommé dans les familles à Tombouctou.

Il est environ 6 heures du matin. L’odeur du Takoula chaud traverse les rues de la « cité mystérieuse ». Enfants, jeunes ou vieux se dirigent vers la vendeuse la plus proche pour s’approvisionner. Presqu’à chaque coin de rue, est planté le célèbre four traditionnel fait en banco «Alforone ». Certains l’appellent « Woy doungoura mebibi », qui se traduit littéralement par la « femme de petite taille aux lèvres tatouées ».

Le Takoula est fait à base de farine de blé pétrie à la main. Pour satisfaire la clientèle, les boulangères se réveillent très tôt pour travailler la farine et préparer le four traditionnel. Elles commencent la vente de 6h à 9h du matin.

Un trésor à préserver

Ce pain, à la forme ronde, est vendu à 50 francs CFA l’unité. Plus qu’un aliment, il fait partie de l’identité de la ville sainte. D’autres iront jusqu’à dire que c’est un trésor qu’il faut préserver.

Pour Khalifa M’bara, boulangère, la consommation du Takoula s’explique par l’attachement à la cuture et à la tradition tombouctienne : « Le Takoula fait partie de notre culture. En plus, il est plus riche et facile à digérer. A mon avis, le pain moderne ne peut pas détrôner le Takoula, car les Tombouctiens y sont attachés. » Khalifa M’bara exerce le métier de boulangère traditionnelle depuis plus de 17 ans. Sa production journalière varie entre 100 et 150 morceaux. D’autres boulangères en produisent  aussi au petit soir pour le diner.

Dans son documentaire Caravane de nuit, le réalisateur algérien Tewfik Farès disait du pain de Tombouctou : « Celui qui n’a pas goûté au pain de Tombouctou ne connaît pas le vrai goût du pain. »

« Si en Algérie les murs sont des centres culturels, à Tombouctou les fours sont des centres d’information où l’on apprend les dernières nouvelles de la nuit précédente et les premières nouvelles du jour, lieu d’échanges, de conseils, d’orientation », lance avec humour l’historien et écrivain Sane Chirfi Alpha.

Goût unique et prix accessible

Le pain moderne est surtout consommé par des habitants, qui viennent d’autres villes. Dans les restaurants de la place, on utilise le pain moderne parce qu’il est difficile de faire certaines recettes avec le Takoula. « Chez nous, on ne pense au pain moderne que lorsqu’il y a pénurie de pain dans la journée. Il y a des heures où il est presqu’impossible d’en trouver », précise Kader Cissé.

Youssouf Traoré, originaire de Tombouctou, est étudiant à Bamako. Il ne peut se passer longtemps du « pain rond » lorsqu’il est dans la capitale malienne. Il passe même de petites commandes de Takoula conditionné depuis Tombouctou. « Même étant dans une autre ville, les images de ce pain nous font revivre notre enfance et nous donnent envie de revenir auprès des nôtres. » Youssouf constate la même nostalgie chez les ressortissants de la ville qui vivent à l’extérieur du pays, lorsqu’on publie la photo de ce pain sur les réseaux sociaux.

Le Takoula a encore de beaux jours devant lui en raison de son goût unique et son prix accessible à toutes les bourses.

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