Dans certains quartiers de la capitale malienne, Bamako, les appartements meublés sont de plus en plus recherchés. Des propriétaires meublent et mettent en location journalière leurs immeubles. Parfois, ils les louent même à des mineurs.
Missabougou, Hamdallaye ACI, Baco-Djicoroni Golf sont, entre autres, des quartiers à Bamako où sont proposé des appartements avec des chambres de passe. Les prix varient entre 15 000 francs et 25 000 francs CFA, selon les quartiers et le nombre de chambres.
Selon H. K., gérante d’une société immobilière à Bamako, pour avoir un immeuble avec des appartements meublés, il suffit de signer un partenariat avec le propriétaire. « Mes appartements sont à moins de 25.000 francs FCFA. Ils offrent un confort qu’on ne trouve pas dans les chambres de passe », ajoute la gérante.
Discrétion
« Cela fait plus de 3 ans que je ne me rends plus dans les hôtels ou dans les chambres de passe, car la discrétion n’est pas au rendez-vous dans ces lieux, contrairement aux appartements », confie S. T., étudiant. La discrétion est l’une des raisons qui attirent les amateurs de ces lieux. La capitale malienne est une ville dans laquelle la vie privée peut être facilement étalée au grand public.
Les propriétaires font en sorte de ne jamais se mêler de la vie de ceux et de celles qui louent ces lieux. Pour M. D., locataire d’appartements à Baco-Djicoroni Golf depuis 2015, le plus important est l’argent : « Qu’ils ne fassent pas de dégâts avant de partir et qu’ils me paient. Pour le reste, ils font ce qu’ils veulent», tranche le maitre des lieux.
Aucune réglementation
Aujourd’hui, beaucoup s’adonnent à cette pratique parce qu’elle rapporte assez d’argent sans éveiller les soupçons des services d’impôts. Abdoulaye Dagnon, financier, confirme qu’il n’y a que les appartements recensés qui paient l’IRF (impôt sur le revenu foncier) et que tous les autres sont dans l’informel. Ce qui représente un manque à gagner pour l’État.
Souvent, ce sont des adolescents qui ont accès à ces appartements. Il suffit d’avoir l’argent. « Pendant les grèves scolaires, il y avait beaucoup d’élèves de moins de 18 ans qui louaient mes appartements. Et c’était pour plus d’une semaine à chaque fois », affirme A.S, locataire à Baco-djicoroni Golf. Pour réserver et avoir accès aux appartements, les clients fournissent très souvent une copie de leur pièce d’identité.
Et cela est très fréquent à l’approche des fêtes, moment pendant lequel il est très difficile d’avoir des appartements libres. Tout est réservé. Ce qui est encore plus étonnant, c’est la non réglementation permettant à certaines personnes de transformer des logements sociaux en appartement à louer de manière journalière.
Des logements destinés aux Maliens qui servent d’« hôtels» sans aucun contrôle.
L’État, à travers le service des impôts, doit prendre des mesures pour formaliser ce domaine qui devient de plus en plus fréquent avec la construction de nouveaux immeubles dans la capitale. Et exiger des locataires qu’ils ne proposent leurs services à des mineurs.
Dire que ces appartements ne paient pas d’impôts sur revenus fonciers est une ironie. La plupart de ces appartements sont pour des agences immobilières qui paient bien-sûr leurs impôts et taxes à l’état.