Belko Ouologuem (2) : la Covid-19 montre « la fragilité de la vie humaine »
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Belko Ouologuem (2) : la Covid-19 montre « la fragilité de la vie humaine »

Dr Belko Ouologuem est philosophe, maître de conférences à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB). Dans cette deuxième partie de l’entretien qu’il nous a accordé en marge de la journée mondiale de la philosophie, célébrée le 19 novembre, il explique comment la philosophie aide à résoudre les crises, notamment celle liée à la Covid-19.

Benbere : Quelle est la contribution de la philosophie dans la résolution des crises auxquelles le Mali est confronté ?

Dr Belko Ouologuem : Les crises sont inhérentes à l’existence de l’homme et des sociétés. S’il n’y a pas de crise, c’est qu’il n’y a pas de possibilité d’avancer. Maintenant, la question qui se pose est : comment les anticiper, les juguler, les surmonter ? Quelles pistes pour une meilleure résolution ? Car la résolution engendre elle-même des crises. C’est sous cet éclairage que nous voyons les crises qui secouent notre pays et même souvent les crises existentielles. Nous avons participé à différents débats dans l’espace universitaire et scolaire, publié des articles pour apporter notre contribution de façon plus pérenne et académique, par la participation à des colloques nationaux et internationaux. Voilà comment nous participons aux tentatives de résolution des crises au Mali.

Comment la philosophie pourrait-elle aider à surmonter la crise sanitaire liée à la Covid-19 au Mali ?

D’abord, il faut se rendre à l’évidence que la nature et l’homme font un. Et que par la surexploitation de la nature, l’homme aussi se détruit. Nous devons également penser à mieux équiper nos plateaux techniques pour qu’il y ait moins d’inégalités concernant l’accès aux soins. Prévenir ou mieux gérer des pandémies de ce genre, qui, à coup sûr, si l’on regarde le rapport de plus en plus dégradant, ne sera pas la dernière pandémie. Donc, philosophiquement parlant, la Covid-19 est un malheur, mais aussi une aubaine pour remettre à plat nos différents rapports à la nature et comprendre que la vie aussi a besoin d’être dans un environnement équilibré.

Quels enseignements tirer de la pandémie du coronavirus ?

La pandémie, en tant que maladie et ses conséquences sur toute l’humanité, nous montre d’abord la fragilité de la vie humaine. Et ce, malgré le développement des sciences et des technologies. Descartes nous disait que la philosophie et la science nous rendront maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui était apparemment le cas, mais la pandémie nous a montré que nous n’en sommes pas encore maîtres et possesseurs. Cette fragilité de nos vies humaines fait que nous n’avons pas la maîtrise totale des équilibres entre la nature et l’homme. Étant un élément de la nature, il suffit qu’il y ait un petit déséquilibre dans la relation Homme-Nature pour que nous nous rendions compte de nos forces et limites. Les limites de notre capacité à maîtriser certains phénomènes de la nature. Et, en tant que maladie, elle met aussi en cause nos modes de gestion, d’organisation de la société, de consommation. Cette pandémie est une conséquence du déséquilibre entre l’homme et la nature.


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