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IBK n’est pas Charlie !

Au lendemain de l’attentat terroriste contre le journal satirique français Charlie Hebdo, nous avons vu notre président Ibrahim Boubacar Keïta ( IBK ), bien placé dans le rang, à la marche du 11 janvier 2015, à côté du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel, pour dénoncer cette attaque contre la liberté d’expression. Mais au Mali, le pouvoir d’IBK ne se gêne pas pour piétiner cette même liberté d’expression, écrit la blogueuse Fatouma Harber.

Si le hashtag, #Jesuischarlie a permis d’exprimer une compassion internationale pour le journal français et de défendre la « liberté d’expression » qui serait devenue la cible des obscurantistes, être Charlie est un titre qui ne scie pas au président IBK pour toute son œuvre contre la liberté de la presse et la liberté d’expression au Mali.

ORTM à ses ordres

Bien que le Mali connaisse le multipartisme depuis le soulèvement populaire qui a renversé le pouvoir militaire du général Moussa Traoré en 1991, l’ORTM n’a pas encore senti le vent de la démocratie souffler. La télévision et la radio nationales sont restées des organes qui ne font que couvrir l’actualité du président, de sa femme et de son parti dans la majorité des cas. Le reste du temps d’antenne est offert à la publicité et encore à la propagande en faveur du président.

Coupure et perturbation du réseau Internet

Bien que le conseil des droits de l’Homme des Nations unies ait adopté une résolution dans laquelle il condamne fermement les coupures du réseau Internet, le régime du président IBK n’a pas hésité à couper ou perturber l’accès aux réseaux sociaux quand ça l’arrangeait. La première coupure de l’internet est intervenue le 17 aout 2016 avec les marches qui ont eu lieu dans la capitale Bamako, pour dénoncer l’arrestation de l’animateur et non moins influenceur Ras Bath.

Même la lettre Ouverte de l’ONG Internet sans frontières n’y a rien fait : les perturbations de l’internet et les blocages ont continué au Mali, connaissant leur paroxysme avec l’élections présidentielle du 29 juillet : des perturbations de la veille, nous nous sommes retrouvé avec une coupure pure et dure de l’internet pour empêcher toute expression gênante contre le pouvoir qui  prenait son temps pour faire sortir les résultats du premier tour. Ce n’est qu’après 4 jours de blocage que la coupure a pris fin. C’est à se demander si IBK se rappelle qu’il disait être Charlie.

Disparition du journaliste Birama Touré

Le cas de la disparition du journaliste Birama Touré est une énorme épine dans le pied de la démocratie apparente d’IBK, car Birama travaillait pour un journal qui est connu pour ses articles qui attaquent le président de front. Le jeune journaliste est porté disparu depuis le 29 janvier 2016 et chose gravissime, c’est le fils du président que le journal le Sphinx de Bamako accuse d’être à l’origine de la disparition de leur ancien journaliste.

L’acharnement contre le chroniqueur radio Ras Bath

En s’acharnant contre Ras Bath, le pouvoir a permis à un animateur de radio, excellant dans l’art de la dénonciation, sachant haranguer les foules et disposant d’un auditoire certain chez les jeunes chômeurs, de devenir une sorte de guide spirituel, qui « ne ment pas ». En 2017, il a été condamné pour « démoralisation des troupes en temps de guerre » alors qu’il dénonçait les mauvaises conditions de travail des militaires maliens. Maintenant c’est la radio Renouveau FM qui est fermée pour empêcher au même Ras Bath d’y tenir ses chroniques. Un acharnement qui n’est pas digne d’un Charlie, défenseur de la liberté d’expression. Pourtant, Ras Bath ne fait que dénoncer la corruption et le népotisme que nous avons vus croître durant les 5 années d’exercice du pouvoir d’IBK.

Le président semble se débrouiller pour garder le pouvoir, mais heureusement que la presse malienne n’est pas entièrement corrompue et que des hommes et femmes, comme Ras Bath, vont continuer à se battre pour qu’une vraie liberté de presse puisse voir le jour au Mali.

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