A Lafiabougou-Taliko, discorde autour d’un site de dépôt d’ordures
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A Lafiabougou-Taliko, discorde autour d’un site de dépôt d’ordures

Un projet de construction de dépôt de transit à Lafiabougou-Taliko oppose les populations de la localité et les autorités municipales depuis 2019. Le temps est à la discorde.

Le 18 octobre 2020, au bord du marigot Woyowayanko de Taliko-Tietieni, à Lafiabougou, en commune IV du district de Bamako, des habitants du quartier sont massivement sortis pour un meeting de contestation. Ils ont un message à faire passer aux autorités municipales de Taliko et de Lafiabougou Bougoudani, qui, disent-ils, veulent faire du site du meeting un dépôt de transit. « Cela fait plusieurs mois que nous n’arrêtons pas de leur dire non, mais ils persistent. Ce projet ne peut pas passer. Notre position ne changera pas », dixit Mama Traoré, conseiller du chef de village de Taliko.

Des acclamations retentissent pour saluer son intervention. Les prises de parole se succèdent. A tour de rôle, des chefs de famille, représentants de jeunes prennent le micro pour exprimer leur mécontentement.

Odeur suffocante

A environ 200 mètres de la place CAN, loin du cimetière de Lafiabougou, se trouve un gigantesque tas d’immondices, dégageant une odeur suffocante. Les populations de Taliko et de Lafiabougou Bougoudani accusent les autorités municipales, en complicité avec la mairie principale, de vouloir transférer les ordures sur une place publique située à proximité du marigot Woyowayanko.

Les autorités municipales, selon eux, prétendent que c’est un projet au bénéfice de la population : « Elles nous ont dit qu’il y aura un projet sur la place concernée et que c’est la population du quartier qui va en bénéficier. Un dépôt de transit moderne», poursuit un habitant.

Quand la population a pris connaissance du projet, elle a mis en place une pétition qui a récolté plus de 2 000 signatures, affirme le secrétaire à l’organisation et porte-parole de la Coordination de la jeunesse de Lafiabougou Bougoudani et Taliko, Mamadi Kéita : « Les autorités municipales nous ont dit que le projet aura lieu malgré toutes ces signatures récoltées par la pétition. Décidément, notre santé leur importe peu », regrette-t-il.

Un projet qui divise

« Ce projet de construction d’un dépôt de transit au bord du marigot Woyowayanko s’inscrit dans le cadre du Plan de développement social, économique et culturel (PDSEC). Toutes les communes du Mali bénéficient de ce programme. Celui de la commune IV prendra fin en 2021. Les population doivent comprendre que c’est dans leur intérêt », explique Modibo Kamissoko, maire de la commune de Taliko.

L’élu municipal se veut persuasif. Il fait sortir de son tiroir des documents datant de 2010 et signés par le gouverneur du district de Bamako, à l’époque Ibrahima Féfé Koné. On peut lire dans l’article 1er de la décision numéro 1003/GDB.CAB, portant attribution de parcelles de terrain à usage sanitaire en commune IV du district de Bamako, que « les espaces ci-après désignés, sont attribués à la mairie de la commune IV pour servir de dépôt de transit. a) Kalabambougou : espace situé entre les ilots CE et DX et prévu pour dépôt. b) Taliko : espace situé le long du marigot dans la zone carrière prévu comme réserve foncière ».

« Regardez vous-même, tout est clair et décidé, bien avant que je ne sois maire. Ce n’est pas un projet personnel. La municipalité étant une continuité, je ne peux que poursuivre ce que l’État dans son plan d’assainissement a élaboré », renchérit M. Kamissoko.

Améliorer l’accès au quartier

Les populations, non convaincues, ont exigé les documents relatifs au projet d’implantation du dépôt d’ordures en vue d’une analyse. Après consultation, elles ont réaffirmé leur opposition au projet. « Le projet s’inscrit dans un programme qu’on ne connaissait d’ailleurs pas, nommé PGRCI (Projet de gestion des risques climatiques et d’inondations au Mali) dont les zones d’intervention sont le district de Bamako et les cercles de Kayes et Mopti. Les fonds alloués dans le cadre de ce projet pour la commune 4 est de 417 643 480 FCFA», indique Mamadi Keita.

En définitive, les populations riveraines des sites souhaitent que ce projet soit abandonné au profit de la construction et l’amélioration des canaux de drainage d’eau et le bitumage des voies pour faciliter l’accès au quartier.

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