Mali : retour les évènements marquants de l’année 2022
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Mali : retour sur les évènements marquants de l’année 2022

Au Mali, l’année 2022 aura été marquée par de nombreux évènements dans divers domaines. A travers une liste non exhaustive, « Benbere » revient sur quelques évènements.

1. Manifestation du 14 janvier contre les sanctions de la Cédéao et de l’Uemoa

Sous les sanctions économiques et financières de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique monétaire ouest-africaine (Uemoa), des centaines de milliers de Maliens ont répondu à l’appel à manifester des autorités de transition.

  • Une grande manifestation qualifiée d’« inédite » et d’« historique » était organisée le 14 janvier 2022, à Bamako, sur le Boulevard de l’Indépendance et dans plusieurs capitales régionales. Mais les sanctions ne seront levées que six mois plus tard.
  • Cette date est instituée — lors du Conseil des ministres du 30 novembre 2022 — comme « Journée nationale de la souveraineté retrouvée ».

2. Persona non grata

Après plusieurs mois de joutes verbales entre Bamako et Paris par médias interposés, l’Ambassadeur français Joël Meyer est déclaré par le gouvernement malien de transition persona non grata.

  • Dans un décret lu à la télévision nationale, le lundi 31 janvier, le diplomate français était invité à quitter le Mali dans un délai de 72h.
  • Dans le dossier relatif aux 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali, Olivier Salgado, alors porte-parole de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), était lui aussi invité à quitter le Mali. Les autorités maliennes de transition lui reprochaient « la publication d’informations tendancieuses et inacceptables sur le réseau social Twitter » dans ce dossier, qui a longtemps été sources de tensions entre Bamako et Abidjan.
  • Réarticulation du dispositif de l’opération Barkhane : Déployée au Mali depuis 2013, sous l’appellation Serval puis Barkhane à partir de 2014, la force anti-terroriste française a quitté le pays le 15 août, plusieurs mois après l’annonce de sa « réarticulation ». Bamako avait, de son côté, dénoncé les accords le liant à la force Barkhane et la Task force Takuba, le 2 mai 2022. Le reste de l’histoire est connu.
  • Une guerre informationnelle qui ne dit pas son nom s’est installée entre le pouvoir de transition et celui de Paris. Des images horribles d’un charnier découvert à Gossi ont été initialement publiées par un compte troll dénommé « Dia Diarra » avant qu’il ne disparaisse de Twitter. L’état-major français a riposté en diffusant des images de drones du charnier. Les autorités maliennes ont ouvert une enquête dont les conclusions sont toujours attendues.
  • Plus tard, Bamako affirme détenir des preuves d’une complicité entre Barkhane et les groupes terroristes. L’affaire est portée devant le Conseil de sécurité des Nations unies par le Mali, demandant une réunion d’urgence autour de cette affaire. Aucun des quinze pays membres n’a donné suite à l’affaire et les preuves que les autorités maliennes détiendraient n’ont toujours pas encore été rendues publiques.

3. Opération militaire à Moura

Cette localité située dans le cercle de Djenné (Mopti)  a été au centre des tensions entre le pouvoir malien de transition et des organisations de défense des droits de l’homme.

  • L’état-major malien a annoncé, dans son communiqué n°26, y avoir mené une opération de « grande envergure » fin mars 2022. Le bilan officiel fait état de « plus de 200 terroristes » tués.
  • Les organisations de défense des droits de l’Homme et du droit international humanitaire ont soutenu — de leur côté — que plusieurs victimes seraient des civils. Pour sa défense, l’état-major malien a répondu que les forces armées maliennes restent respectueuses des droits humains et du droit international humanitaire. Le 6 avril 2022, le procureur près du tribunal militaire de Mopti a annoncé que des enquêtes sont ouvertes.
  • La demande de l’ONU d’accéder à la localité pour des enquêtes n’a pas eu de suite favorable. Bamako a dit craindre « une instrumentalisation de la question des droits de l’homme ». Au Conseil de sécurité, Moscou a bloqué une déclaration, rédigée par la France, demandant une « enquête indépendante » sur des allégations d’exactions.

4. Décès de trois personnalités

L’année 2022 a aussi été marquée au Mali par la mort de personnalités importantes.

L’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, figure emblématique de l’arène politique malienne, est décédé à l’âge de 67 ans dans une clinique privée de Bamako, le 21 mars 2022. L’ancien patron de la sécurité d’État et ex-ministre de la Défense et des anciens Combattants était en détention à la maison centrale d’arrêt de Bamako, depuis août 2021, pour une affaire de détournement présumé dans l’achat des équipements militaires et de l’avion présidentiel sous Ibrahim Boubacar Keïta. Malade, il a été admis à la clinique Pasteur de Bamako où il rendra l’âme.

  • Le 4 avril 2022, Diango Cissoko, une autre grande figure de l’administration malienne, est décédé des suites de maladie. Il avait dirigé la transition de 2012 en tant que Premier ministre après la démission forcée de Cheick Modibo Diarra. Il est l’auteur de plusieurs dont ouvrage dont Rédaction administrative, qui lui a valu le prix Malouet de l’Académie de sciences morales et politiques de l’Institut de France.
  • Le 4 septembre 2022, l’artiste-musicienne Nabintou Diakité est décédé des suites de maladie à Fana. Elle était la choriste principale de la diva Oumou Sangaré, parent proche, avant d’entamer une carrière solo empreinte d’embûches. Après plusieurs années d’absence sur la scène musicale malienne, elle avait signé son retour avec un album intitulé Dounia.

5. Prorogation ou non de la transition

Pendant plusieurs mois, le débat public était en partie dominé par la prolongation ou non de la durée de la transition. Après un bras de fer avec la Cédéao, les autorités maliennes de transition ont décidé de fixer sa durée à 24 mois à compter du 26 mars 2022.

  • Pour rappel, la durée initiale était de 18 mois. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a finalement accepté cette prorogation sur présentation d’un chronogramme électoral détaillé. L’année 2023 devrait être en principe l’année des vastes réformes avant d’entamer les grandes échéances électorales.

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