Le 18 août, une attaque a fait quarante-sept morts dans un convoi de civils, Forces de défense et de securité et Volontaires pour la défense de la patrie, sur l’axe Arbinda-Gorgadji, au Burkina Faso. Ganaba Ib Boureïma se trouve parmi les victimes. Le 8 août, ce jeune originaire de Kongoussi, qui aspirait à devenir journaliste, publiait sur Facebook un texte prémonitoire que nous republions.
« Aujourd’hui, c’est dimanche. Le dimanche des fonctionnaires du système blanc. Les chrétiens vont à l’Église. Moi, je ne suis ni fonctionnaire avec un salaire, encore moins un chrétien pour me permettre de perdre un instant à la maison. Pourtant, nous sommes dimanche. Et je suis au dimanche moi aussi ; je n’ai rien à faire. Les Anglais diraient que c’est un « day off » pour moi aussi.
Pourtant, je devais être occupé par les travaux champêtres en cette saison pluvieuse, ou le pâturage derrière mes animaux. Je suis libre de tout mouvement malgré ce que je dois faire. Je n’ai ni un champ, ni un troupeau. Je dirais plutôt que j’en avais. J’en avais ! C’est quand encore la dernière fois que j’ai cultivé ? Il y a un an ? Deux ans ? Trois ? Je ne me rappelle plus.
Je sais qu’il y avait beaucoup des ans que je ne souffre plus de ces travaux. J’ai du mal à croire. Vous, les gens de dimanche, je nous souhaite bon dimanche. Moi inclus, car je suis un déplacé, je suis un sans-abri. Je suis un paysan sans un champ. Je suis un éleveur sans un animal. Je suis un commerçant sans marchandises. Je suis un élève sans une école. Je suis un citoyen burkinabè sans un toit. Je suis un homme qui ne peut rien dire, je ne fais qu’écouter. J’attends le jour que Dieu choisira pour que je sois sans vie.
Je suis un homme libre. Libre dans ma prison.
En toute humilité. »
Très triste d’apprendre la tombée d’un jeune aussi talentueux