Bamako : avoir le swag, l’obsession de certains jeunes
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Bamako : avoir le swag, l’obsession de certains jeunes

Une grande majorité de la jeunesse malienne met plus d’énergie à vouloir avoir le swag, c’est-à-dire être bien habillé, qu’à étudier, déplore le blogueur Tony Star.  

Il s’appelle Toumani Diassana, mais il est mieux connu sous le pseudonyme de Choco Boy. Un choco signifiant, en langage de rue, « quelqu’un qui s’habille très bien » ou encore quelqu’un qui a le swag. Le lycéen, résidant à Daoudabougou, quartier populaire de Bamako, ne blague pas du tout avec la sape. A croire que c’est le premier de ses soucis. Louis Vuitton, Versace, Gucci, Zanotti, Chanel : il aligne les marques au quotidien, sous les regards émerveillés de ses amis de lycée.

Choco Boy justifie cet attachement à la sape par le fait qu’il a perdu sa petite amie, qui avait fini par lui préférer quelqu’un d’autre, plus sapé que lui. « Ma petite amie que j’aimais de tout mon cœur m’a quitté pour un autre garçon qui s’habillait très bien. Le seul moyen que je voyais pour la récupérer était de bien me saper par tous les moyens », confie-t-il.

Réputé pour le swag

Il a tellement pris cela au sérieux qu’il a fini par gagner le concours de l’élève le plus « swagger » de son lycée. Le swag, de nos jours, est la chose la plus importante pour bon nombre de jeunes. L’apparence, rien d’autre que ça, est ce qui compte pour eux. Des concours de swag sont même organisés. Dans son milieu à Daoudabou, Choco Boy fait partie des stars. En plus de son trophée de l’élève le plus swagger, c’est la 3e fois qu’il remporte le prix du meilleur swagger de son quartier.

Seydou Keita, alias « Sedoski », un autre adepte du swag, très proche de Choco Boy, pense que son ami  mérite le trône : « C’est le seul qui change de style à chacune de nos virées nocturnes. A chaque mouvement, un nouveau complet. J’ai toujours validé ses styles qui peuvent coûter 30 000 francs CFA la moyenne. Chaque fois qu’on sort, les nanas ne nous manquent pas de respect et nous en profitons bien », fait-t-il remarquer. Il ajoute que son ami est toujours l’invité d’honneur quand il y a un concours de swag à Sabalibougou, un autre quartier populaire de Bamako, sur la rive droite du fleuve Niger.

Une situation qui inquiète les parents

Pourtant, cette « vie de swagger » ne plaît pas du tout au grand frère de Choco Boy. Ce dernier déplore que son petit frère accorde autant d’importance à son apparence, pendant que ses résultats scolaires laissent à désirer : « Il est trop narcissique. Je m’évertue à lui faire comprendre que ce n’est pas le plus important dans la vie, mais il ne m’écoute pas. Ses résultats à l’école sont mauvais, tout ce qui l’intéresse c’est de savoir quel est le vêtement qu’il doit mettre aujourd’hui ou demain ». Pour lui, cette attitude inquiète aussi les parents, qui ont décidé de ne plus payer sa scolarité si ses résultats scolaires ne changent pas.

Si paraître bien habillé intéressait plutôt en majorité les filles par le passé, les garçons deviennent maîtres en la matière aujourd’hui. Les jeunes qui sont dans le même état d’esprit que Choco Boy sont innombrables aujourd’hui. Le problème est que certains ne travaillent pas, mais s’achètent des vêtements et des accessoires dont la valeur est élevée. De quoi inquiéter les parents qui, parfois, les soupçonnent d’être dans de sales affaires.

Je ne me mets pas dans la posture d’un donneur de leçon et je ne dis pas que c’est mauvais de bien s’habiller. Je pense juste qu’on n’a pas besoin de le faire à cause du regard des gens. Penser que c’est le plus important dans la vie reviendrait à faire une grande erreur.

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Les commentaires récents (5)

  1. Quant à moi, le swag c’est bon. Et c’est une meilleur façon de bien géré l’enfant à bien grandir et de ne pas être peur des habits.