Cheikh Diagana : au Mali, « il faut donner aux startups le temps de se construire »
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Cheikh Diagana : au Mali, « il faut donner aux startups le temps de se construire »

Le jeune entrepreneur, Cheikh Diagana, à la tête de l’agence de communication CAT Digital, nous parle de The Meet. Ce rendez-vous réunira des personnes issues du monde de l’entrepreneuriat, des affaires, de la technologie, de l’économie, de l’éducation, des arts, de la culture pour partager les connaissances et le savoir-faire dans le domaine de l’entreprenariat.

Il y a deux ans, le jeune sénégalais Cheikh Amadou Diagana organisait The Meet, qui avait réuni plus de 700 jeunes. Cette année, il récidive. Du 8 au 9 novembre 2019, sous le thème « Rêve », 5 pays seront représentés à The Meet à travers des personnalités « influentes et inspirantes qui partageront leur savoir-faire avec les jeunes entrepreneurs maliens. » A moins d’un mois de l’événement, il a reçu Benbere, dans les locaux de son agence de communication Cat Digital, à Faso Kanu, quartier de Bamako.

Benbere : La première édition de The Meet remonte à deux ans. Pourquoi ce laps de temps ?

Cheikh Diagana : Deux ans pour préparer, innover, créer du contenu,  murir les partenariats, recevoir les feed-back. En un mot, faire le bilan. La première édition était un test. Donc, ce laps de temps a permis de recentrer les choses, de redéfinir les objectifs et d’identifier les besoins. Nous avons, pendant ces deux ans, travaillé le contenu, amélioré la communication, pour offrir un bien meilleur programme avec cette deuxième édition.

Qu’en avez-vous retenu ?

La première édition nous a permis de faire des rencontres intéressantes. Elle a permis d’entrer en contact avec l’écosystème entrepreneurial et d’avoir des collaborateurs avec qui je travaille aujourd’hui. Elle a aussi permis à beaucoup de personnes de se retrouver et de travailler ensemble. C’était des personnes qui vivent tous au Mali, mais qui ne se connaissaient pas. Donc, le résultat est qu’on a mis des personnes ensemble.

Quelles sont les innovations introduites pour cette deuxième édition?

Cette année, on aura des panels d’experts, beaucoup plus de secteurs seront représentés. Les innovations concerneront la communication. Nous avons fait une campagne dénommée « I have a dream », qui a consisté à diffuser des vidéos dans lesquelles des personnes parlent de leurs parcours et de leurs  rêves. Il y aura beaucoup plus de contenus en ligne pour toucher plus de personnes et inciter à la positivité la jeunesse que je trouve très fataliste. Pour cette édition, on aura 18 intervenants venus de 5 pays. The Meet voit grand pour cette deuxième sortie. Le compte twittter offciel  : https://twitter.com/themeetofficiel

Quelles sont les conditions que doivent remplir les startups pour avoir un stand ?

Les stands ne sont pas pour les startups. Parce qu’on ne s’inscrit dans la logique que quand on est une start-up et qu’on on a envie de se développer et ne pas trop dépenser. Pour les startups, c’est plutôt un cadre pour apprendre, nouer des partenariats, se construire sans débourser un rond. Les stands sont destinés aux partenaires, qui sont arrivés à un niveau de maturité où ils doivent communiquer sur leur engagement social, leur accompagnement par rapport à l’écosystème entrepreneurial. C’est, donc, une opportunité qu’on leur offre pour partager leurs expériences.

En tant que jeune entrepreneur expatrié, quel regard portez-vous sur l’écosystème entrepreneurial malien ?

Le constat est qu’il n’y a pas d’écosystème entrepreneurial au Mali. Ça peut être choquant, mais c’est une vérité. Le fait au Mali est qu’il existe plusieurs écosystèmes, qui gravitent autour de personnes ou d’institutions. L’écosystème entrepreneurial est fragmenté, donc il faut réussir à mettre tout le monde ensemble pour cheminer. C’est cela  l’objectif de The Meet. Et je pense que l’écosystème entrepreneurial malien est à construire pour profiter des opportunités énormes qu’offre le Mali. Que ça soit les institutions, les startups, les médias, tout le monde doit jouer sa partition pour un écosystème solide qui réponde aux défis actuels.

Quels sont ces défis ?

Ils sont de plusieurs ordres. Le premier est lié à la transparence sur ses qualités et ses compétences en tant qu’entrepreneur. Le deuxième, c’est la capacité de dire non. J’ai constaté qu’au Mali, on te dit « je vais voir » en guise d’un « non » déguisé qui fait perdre du temps et de l’énergie. Et le troisième défi, très déterminant, est d’être star très tôt, surtout chez les jeunes. Ils se considèrent très hâtivement comme des serial entrepreneurs, se font appeler « CEO », avant même qu’ils aient formalisé l’entreprise. Cette attitude fait oublier l’objectif principal d’un entrepreneur, qui est de créer de la richesse autour de lui, de rendre ses collaborateurs et le pays riches.

Le cadre législatif est-il propice à l’entrepreneuriat au Mali ?

D’abord, Le Mali Startup Act est une bonne chose, c’est bien de vouloir créer un cadre législatif pour les startups, mais pour moi il y a un déphasage. L’entrepreneuriat, ce n’est pas que ceux qui ont la technologie. Le jeune de Ségou qui produit des tomates ou du piment et qui doit le revendre est un entrepreneur. Celui qui lave des voitures est un entrepreneur. Donc, prenons la chose de façon plus large. À l’état actuel, le cadre fait qu’il est compliqué de se formaliser. L’État peut encore faire des efforts pour que les entrepreneurs puissent avoir accès aux marchés facilement en simplifiant les procédures. Aujourd’hui, la législation fait que l’entrepreneur paie beaucoup de taxes sur un marché qu’il exécute. Et ce n’est pas juste qu’une petite entreprise paie 18% de la TVA, qu’une multinationale aussi paie le même montant. Il faut permettre aux startups de ne pas payer de taxe les 3 premières années. Leur donner du temps de se construire.

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Les commentaires récents (2)

  1. Vraiment c’est intéressant « The meet », ça une opportunité même aux entrepreneurs maliens de l’extérieur de pouvoir venir travailler dans le pays si vous arrivez à trouver un moyen pour que le TVA des jeunes soit réviser,les personnes comme nous ont des rêves de devenir entrepreneur seront motivé davantage.
    Merci