Les légitimités traditionnelles jouent un rôle important dans la résolution pacifique des tensions sociales. Il faut renforcer leur autorité pour plus d’efficacité dans cette mission.
Koro, Somadougou, Djenné, plus récemment Farabougou…Ces dernières années, des accords locaux obtenus par l’entremise d’organisations humanitaires et acteurs de la société civile malienne ont permis une relative accalmie dans plusieurs localités sous la coupe réglée de groupes armés extrémistes ou d’autodéfense, dans les régions de Ségou et Mopti où se concentrent l’insécurité depuis 5 ans.
Ces accords, qui ont facilité l’accès des populations aux foires hebdomadaires, aux zones de production agricole et d’élevage, seront vite remis en cause par les protagonistes, faute de garanties et conditions contraignantes. Entre fourberie et déficit de confiance, ces arrangements peinent à s’étendre sur la durée et à mobiliser les principaux acteurs du conflit.
Selon un connaisseur des dynamiques conflictuelles du Centre, « la rupture des différents accords est dû au fait que les vrais protagonistes n’adhèrent pas à ces initiatives souvent portées par les chefs de village, sans aucune prise sur les acteurs de la violence ». Dans la plupart des cas, les engagements se font de façon orale, sans signature.
La charia comme obstacle
Aussi, en ce qui concerne les groupes armés extrémistes, il est difficile d’impliquer le premier cercle des décideurs. Le plus souvent, ce sont des chefs d’unités ou de combattants isolés qui sont sollicités. « L’obstacle majeur est que les groupes extrémistes posent la charia comme base de leur engagement. Ce qui est contradictoire avec les fondements de l’État du Mali », analyse notre interlocuteur.
Il se pose également la question des groupes d’autodéfense, en particulier les dozos qui sont soupçonnés, par l’autre partie, d’être de connivence avec les forces armées du Mali. Ce qui fragilise, d’autre part, les accords locaux. Comment faire en sorte que les médiations initiées par les populations à la base puissent contribuer à pacifier ? « Il faut commencer par la revalorisation des légitimités traditionnelles. La crise a démontré que celles-ci ont un réel pouvoir, c’est-à-dire la confiance de la population. Lorsque l’État a fui, les autorités traditionnelles assuraient l’administration publique », plaide un ancien parlementaire de la région de Mopti.
Les légitimités traditionnelles ont prouvé leur efficace à travers des médiations ayant abouti à des levées de blocus et de libérations d’otages. « Les autorités de transition devraient répertorier ces initiatives et mettre en place un cadre de médiation pour la paix sociale et un conseil national des légitimités traditionnelles pour diligenter cette mission », propose l’ex-député, issu lui-même d’une chefferie traditionnelle.