En tant que président sortant ayant signé l’Accord pour la paix, plein de bonnes intentions, IBK a un avantage par rapport à son challenger au second tour Soumaïla Cissé. Plusieurs signes ne trompent pas, y compris les plus inattendus. Pour le blogueur Abdoul Malick Almaïmoune, l’un d’entre eux est la preuve que dans ce domaine au moins, IBK est en position de force.
Concernant la réconciliation, la justice et les questions humanitaires, le défi pour le Mali est énorme. En effet, il reste encore 142 386 Maliens réfugiés dans les pays voisins selon les estimations de l’Organisation internationale des migrations (OIM), et la question de l’Azawad est loin d’être résolue.
Les drapeaux des groupes armés autonomistes sont toujours adulés à Kidal, Ber, In khalil, Didi, Tin Aouker, etc. Le Mali est absent dans le cœur de beaucoup de nos compatriotes et cela doit nous inquiéter et nous pousser à poser les bonnes questions.
Faut-il négocier avec les islamistes ?
L’objectif de la conférence d’entente nationale était de débattre de tout cela et de repartir sur de bonnes bases mais elle a montré à quel point nos positions sur l’Azawad sont irréconciliables. Au cours de cette conférence, certains ont demandé qu’on négocie avec les islamistes maliens dont Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. Ce qu’ont totalement rejeté et IBK et Soumaïla Cissé.
La CMA a balayé d’un revers de main les conclusions de la conférence estimant qu’elles n’ont pas résolu la problématique de l’Azawad. Cependant certains ex-rebelles sont en revanche favorables à la négociation avec Iyad Ag Ghaly.
De mon point de vue, il ne sert à rien de négocier avec des islamistes sans avoir pris le dessus militairement sur eux. Tant qu’ils se sentent capables de faire mal, leur première revendication sera le départ immédiat de Barkhane. Ce qui est inacceptable tant que l’armée malienne n’est pas capable de mener de vraies opérations dans l’Adrar des Ifoghas par exemple.
On peut difficilement dire que la conférence a servi à trouver une entente entre Maliens. Elle a abouti quand même à l’élaboration d’une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, de même qu’une cartographie du répertoire des terroirs du Mali.
Mais la lueur d’espoir se trouve dans le fait que la régionalisation semble convenir à tout le monde et si elle est mise en place peut calmer beaucoup de choses.
Un projet d’entente nationale controversé
En juin dernier, un projet de loi d’entente nationale a été adopté. Il préconise l’abandon des poursuites pénales contre les auteurs de crimes et de délits commis lors de la crise qui a débuté en 2012. Ce projet a été dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. IBK semble satisfait de ce projet de loi le comparant même à la « concorde civile » algérienne, sauf que les contextes sont complètement différents.
Soumaïla Cissé promet, s’il est élu, d’assurer « un traitement diligent aux recommandations de la Commission vérité, justice, et réconciliation (CVJR), y compris sur les causes profondes des différents conflits ayant affecté notre pays depuis l’indépendance ». Il veut aussi « organiser des assises nationales sur les grands problèmes de la nation », donc une nouvelle conférence. Et il prévoit de « récupérer des personnes entrainées dans divers groupes armés qui n’ont pas de sang sur les mains », donc une charte. Je trouve que ses propositions sont trop proches de ce qu’entreprend déjà le président sortant IBK.
Le bourrage des urnes, preuve de l’avantage d’IBK
Soumaïla n’a pas pu convaincre sur sa capacité à déposer sur la table les questions essentielles : qu’est-ce qu’être Malien ? Pourquoi certains ne veulent plus être des Maliens ? Pour moi, il est primordial de se poser ces questions et de trouver des réponses sur lesquelles tout le monde est unanime.
IBK n’a pas fait mieux sur ces questions, mais en tant que président sortant ayant signé l’Accord pour la paix qui est plein de bonnes intentions, a un avantage par rapport à Soumaïla Cissé. Cela s’est déjà vu avec l’énorme bourrage d’urnes fait par des « leaders » politiques de la CMA et de la Plateforme en sa faveur lors du 1er tour dans les zones qu’ils contrôlent. Ce n’est pas idéal comme exemple, mais c’est un signe qu’IBK est davantage capable de négocier avec les rebelles que son rival.