Depuis plusieurs mois, des organisations de la société civile de Gao bloquent les routes principales donnant accès à la ville. Les manifestants réclament la réduction du prix des denrées de première nécessité.
Depuis le 17 mars, une semaine avant la découverte des premiers cas de Covid-19 au Mali, les prix des denrées de première nécessité connaissent une hausse spectaculaire. Les prix du riz, du sucre, du lait et des pâtes alimentaires ont connu une flambée sans précédent à Gao. « Nous constatons, depuis quelques mois, une hausse des prix de certains produits. Pour nous consommateurs, rien n’explique cela, même si la Covid-19 a provoqué une crise économique », se plaint Kadiatou Traoré membre de la Coordinations des associations et organisations féminines (CAFO) de Gao.
Les commerçants expliquent cette hausse par l’acheminement difficile des marchandises vers Gao. « Depuis le début de l’hivernage, les routes habituelles sont coupées par les eaux. Le transport devient compliqué et plus cher. Cette situation ne peut que favoriser la hausse des prix dans la ville de Gao », explique Baba Ould, commerçant de la « cité des Askia ».
Blocages des routes
Cette explication ne convainc pas la population. Depuis le mois de mars, le Conseil régional de la jeunesse de Gao a engagé des pourparlers avec les commerçants. Les négociations n’ont rien donné. Le prix des denrées n’ont pas connu de baisse.
Pour pousser les commerçants à diminuer le prix des produits de grande consommation, les organisations de la société civile ont entrepris plusieurs actions. Notamment le blocage des deux principaux axes donnant accès à la ville à partir de Bamako et Niamey. « Seuls les véhicules de transport de marchandises sont bloqués jusqu’à ce que les commerçants diminuent les prix. Les autres véhicules peuvent circuler librement », précise Halidou Maliki, secrétaire général de la fédération des organisations de la résistance civile de Gao (Force-G).
Le blocage consiste également à empêcher les marchandises d’être transportées vers d’autres destinations pendant qu’elles deviennent de plus en plus chères à Gao.
Des négociations
Cette semaine, la situation est devenue intenable pour les commerçants. Ils ont été contraints de réduire le prix du sucre et du lait. « Le blocage a un peu joué sur le chiffre d’affaires des commerçants. Certains, ne pouvant supporter longtemps cette situation, ont décidé de diminuer le prix de certains produits. Cependant cette diminution n’est que parcellaire. Nous exigeons une normalisation des prix auxquels on achetait les produits avant le mois mars », insiste un membre de la société civile.
Les manifestants ont entamé, en début de semaine, des négociations avec les commerçants. Pour l’heure, les pourparlers n’ont rien donné : « Nous sommes toujours en négociations avec les commerçants. S’ils diminuent les prix, nous allons faire un communiqué conjoint pour informer la population qui suit de très près les négociations », explique Ibrahim Touré, membre de la Force-G.