Le Musée national du Mali a abrité une conférence sur les arts et la culture, le 5 mars 2021. Elle a été organisée par Mali Mode Association, en collaboration avec Mali Culture. L’évènement s’inscrit dans le cadre du lancement des activités de l’édition 2021 de Mali Mode Académie.
Cette conférence est organisée en prélude à Mali Mode Académie 2021, dans le cadre du projet « Unis dans la diversité » soutenu par l’Union européenne et Donko Ni Maaya. Objectif : permette une réflexion sur la culture en lien avec la diversité. Mais aussi permettre aux jeunes du programme Mali Mode Académie de tirer profit de la richesse culturelle du Mali.
La conférence, modérée par Dia Sacko, journaliste et promotrice du site Mali Culture, avait comme panelistes Fadimata Wallet Oumar, artiste chanteuse et présidente des femmes leaders touareg de Tombouctou et Dr Samuel Sidibé, directeur de recherche, muséologue et ex-directeur du Musée national du Mali.
Les discussions ont porté sur les arts et la culture comme instruments de consolidation de la paix et de la cohésion sociale, la professionnalisation et la qualité dans la création artistique, l’importance de la promotion, la valorisation et la transmission du patrimoine culturel et artistique.
Pourquoi Mali Mode Académie
Le Mali a une culture riche. Le domaine de la mode, plus particulièrement, attire beaucoup d’adeptes. On y retrouve de plus en plus de jeunes qui sont fortement intéressés par le sujet du textile et du design. Le souci, c’est que les structures de formation adéquates font défaut. Ce qui empêche les acteurs locaux de se perfectionner afin d’être plus compétitifs au niveau international.
L’idée de Mali Mode Académie est née de ce constat. « Nous avons pensé ce programme afin de permettre à des jeunes, qui ont envie d’embrasser une carrière dans le domaine de la mode, d’avoir une base sur plusieurs sujets comme la coupe, la couture, la broderie, le design textile, le tissage », a expliqué Ibrahim Guindo, alias « Akim Sôul », initiateur du projet.
Dépasser la question identitaire
La question de la culture en rapport avec la diversité, la paix, la cohésion sociale et le vivre-ensemble était au cœur du panel. Selon Fadima Wallet Oumar, la question identitaire persiste parce que le Mali ne prend pas en compte toutes ses composantes culturelles. Celle qui a travaillé avec des artistes de toutes les régions et de toutes les communautés du Mali pense que le vrai problème de ce pays est dû au fait que « certaines communautés se sentent marginalisées ». « Il faut tuer les frustrations en prenant en compte toutes les communautés dans les programmes de développement », a-t-elle suggéré. Avant d’ajouter que le nord, par exemple, manque d’infrastructures et que les autorités le savent mais ne font rien.
Cela, dit-elle, a créé des frustrations. « Quand Nahawa Doumbia venait chanter au nord, bien qu’on ne comprenne pas le bamanankan, ça nous touchait. On sentait qu’il y a quelque chose qui nous lie à travers sa voix », a-t-elle insisté.
Samuel Sidibé, dans son intervention, a mis l’accent sur l’importance d’utiliser le patrimoine culturel pour mieux sceller les relations entre les différentes communautés du Mali. En rappelant que l’une des erreurs les plus fréquentes est le fait qu’on utilise trop souvent la notion de patrimoine en termes d’identité, en oubliant que parfois les identités se sont opposées. « Parfois les gens s’accrochent à leur identité pour rejeter. La véritable question que nous devons nous poser est donc de savoir comment utiliser la question du patrimoine pour dépasser la question identitaire. », dit-il.
Enseigner la diversité
Samuel Sidibé a rappelé la beauté qui réside dans la diversité. Le Musée national étant un exemple regroupant les œuvres de toutes les communautés du Mali : Bamanan, Dogon, Peul, Touareg, Senoufo, etc.
Il a souligné que l’une des questions essentielles de politique culturelle à mettre en œuvre, au Mali, est l’enseignement de la diversité comme socle du vivre-ensemble : « La culture est le meilleur moyen pour enseigner la diversité, l’acceptation de l’autre. », a-t-il conclu.