Le 27 janvier 2020, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies(OCHA) a rendu public son premier rapport de l’année. Le document alerte sur la dégradation de la situation humanitaire, notamment au Centre.
Le rapport dresse un tableau alarmant de la crise humanitaire dans une situation d’insécurité dans le Nord et le Centre du pays où les populations civiles sont affectées. Un accroissement important du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire et n’ayant pas d’accès aux services sociaux de base est constaté. L’insécurité, caractérisée par les attaques terroristes dans le Centre et la criminalité dans le Nord, notamment dans la région de Ménaka, compliquent le travail des humanitaires et augmentent le besoin d’assistance pour les populations.
Pour l’année 2020, plus de 4 millions de personnes (soit 1 million de plus que l’année dernière) ont besoin d’assistance humanitaire du fait de la persistance des conflits. De plus, plus de 300 000 enfants sont touchés par la fermeture des écoles et plus de 200 000 personnes ont fui leurs domiciles à cause des violences, selon le rapport.
Sur ces 4.3M de personnes ayant besoin d’aide humanitaire en 2020:
80% vivent dans les régions nord (Gao 16% Tombouctou 16%) et centrale (Segou 12% Mopti 36%) du #Mali pic.twitter.com/pcC0GdyVkh
— OCHA en français (@UNOCHA_fr) February 3, 2020
#Mali: La situation humanitaire continue de se détériorer en 2020.
4.3 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire soit 1.1 million de plus qu’en janvier 2019 a annoncé @utekollies la cheffe du bureau d’OCHA au #Mali lors d’un point presse pic.twitter.com/pAXGJhnYvY
— OCHA en français (@UNOCHA_fr) February 3, 2020
Dégradation de la situation sécuritaire
La région de Mopti, foyer de conflits locaux meurtriers sur fonds d’activisme des groupes extrémistes violents, est la plus touchée. « Plus de 78% de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire en 2020 sont du centre du pays, près de 20% des villages de la région n’ont pas ou peu cultivé en 2019 », indique le rapport.
Selon OCHA, ce besoin d’assistance se fera sentir de façon aiguë au cours de la période soudure, entre le mois de juin et d’août. La dégradation de la situation sécuritaire a affecté toutes les activités génératrices de revenus. En plus de l’agriculture, l’élevage, les foires hebdomadaires (jadis véritable lieux de rendez-vous économique pour les populations locales) sont aussi perturbés de plein fouet.
Humanitaires en danger
Déjà, en août dernier, les organisations non gouvernementales ont alerté à travers un communiqué sur la dégradation de la situation sécuritaire dans la région. Elles évoquaient déjà un besoin « d’opérer un ralentissement de leurs activités » si la situation sécuritaire ne s’améliorait pas. Le rapport indique qu’ à Ménaka, « six ONG ont suspendu leurs activités depuis le 24 décembre à cause de la criminalité dans la ville ». Pourtant, rien que dans la ville de Ménaka, plus de 100 000 personnes ont besoin d’assistance humanitaire urgente, selon le même rapport.
Des populations, fuyant les attaques terroristes au Niger, continuent de se réfugier à Ménaka. Rien qu’après les attaques au cours du mois de janvier dans la région de Tillabéry, au Niger, plus de 4000 personnes (en majorité des femmes et des enfants) sont arrivées à Ménaka.
L’école à l’arrêt
Au cours de la dernière année scolaire, 1113 établissements scolaires (soit 12% des écoles) étaient fermés à cause de l’insécurité. Les menaces contre les enseignants, les élèves, les parents et les leaders communautaires sont les principaux obstacles à la réouverture des classes. La situation la plus critique, selon OCHA, est observée dans trois cercles de la région de Mopti à savoir Youwarou, Douentza et Tenenkou où plus 50% des écoles sont fermées.