Numérique : « recharge de téléphones », « vente de films », business en vogue
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Numérique : « recharge de téléphones », « vente de films », business en vogue

Dans ce billet, le blogueur Ousmane Makaveli fait découvrir deux activités, qu’il juge « insolites », liées à l’explosion de la téléphonie : recharge de téléphones et vente de films, musiques etc.

Le numérique a offert d’innombrables possibilités pour améliorer notre quotidien, créer de des solutions innovantes, de l’emploi. Souvent, il engendre les métiers les plus inattendus : fournisseur d’électricité pour la recharge de batterie de smartphone, distributeur de films et musiques. Ces deux métiers insolites sont aussi nés de la révolution numérique.

Le numérique a sonné le glas de certains métiers tout en donnant naissance à de nouveaux partout dans le monde. Les entreprises accourent vers une transition numérique, les individus s’orientent vers l’apprentissage des métiers du numérique. Personne ne veut rater le coche.

Au Mali, l’évocation des métiers du numérique renvoie généralement aux community manager, aux codeurs etc. Mais, il existe aussi des métiers insolites nés du boom de la téléphonie et du numérique au Mali.

Recharge de téléphones

Au grand marché de Bamako, où nous nous étions rendus pour un photowalk (petite promenade entre amis pour prendre des photos) une de mes amis avait son téléphone déchargé. Pourtant, elle devait passer un appel. Le grand marché ressemble à un grand bazar où les humains, les animaux, les véhicules partent dans tous les sens. Il y règne une ambiance de fin du monde. Mais il y a de l’ordre dans ce désordre, et chacun s’y retrouve. Le fait est qu’on y trouve toujours ce dont on a besoin.

Par le plus grand des hasards, nous avons découvert l’étalage d’un jeune qui recharge les téléphones. Son « business model » est simple : fournir de l’électricité pour recharger les téléphones de ceux et celles qui en ont besoin moyennant quelques sous.

Son business a l’allure modeste. Il marche pourtant et lui permet de se prendre décemment en charge, selon ce jeune de 27 ans, diplômé de l’Université de Bamako. Et cela fait plus de trois ans qu’il tient son business.

Pourquoi ce service de recharge de téléphone marche malgré l’électrification, les « Power Bank » et même l’autonomie quasi satisfaisante des téléphones dernière génération ? Tout simplement parce que nombreuses sont les personnes qui passent la journée au grand marché et n’ont pas d’autres moyens pour alimenter la batterie de leur smartphone. Ce sont généralement des vendeurs à la sauvette, mais aussi des personnes ayant des téléphones et sans domicile fixe comme les mendiants. Les services de recharge sont fréquents dans les gares pour les voyageurs et dans les milieux ruraux où on profite encore du clair de la lune.

Dis-moi quel film tu regardes, je te dirai qui est ton pirate

Pour regarder un bon film, il n’y a aucun besoin d’activer son compte Netflix, ni de sortir sa carte visa pour payer en ligne. Il suffit de pirater. Payer en ligne n’est pas encore totalement ancré dans les habitudes à cause de la précarité des conditions de vie. Ainsi, les jeunes évitent au maximum toutes dépenses en argent qu’ils ne jugent pas absolument nécessaires. Pour regarder un film, ils piratent ou on le prennent avec un ami qui a, lui-même, piraté. Un cinéphile peut donc recourir à des pirates professionnels qui ont fait de la distribution de films, musiques leur métier. Non, ce ne sont pas des collaborateurs des firmes de production ou de distribution : juste des jeunes qui téléchargent illégalement des films et de la musique dans l’optique de les revendre. Les séries vont de 1000 F à 5000 F CFA et la musique coûte un peu moins.

Il y a même des groupes Facebook dédiés à la vente de films et musiques. Une activité illégale, qui bénéficie du grand vide de l’application du droit d’auteur dans notre pays, mettant à mal ainsi l’industrie cinématographique et musicale. Une pratique illégale qui doit vite être réprimandée.

A travers ces activités ou ces métiers lucratifs, certaines personnes arrivent à gagner leur vie. C’est l’expression du courage d’une jeunesse qui cherche à s’en sortir avec les moyens du bord. Au revoir pour d’autres aventures extraordinaires dans le monde du numérique au Mali.

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