La jeunesse de la commune de Kati, en périphérie de Bamako, s’est révoltée le lundi 17 septembre dernier en bloquant la circulation. Elle demande la (re-)construction sans délai de la route nationale numéro 3 qui relie la ville de Kati aux villes de Kolokani, Diema et Kayes. Route qui est actuellement impraticable. Le gouverneur de la région de Koulikoro, conscient de l’ampleur de leur indignation les a finalement reçus et du gravier pour débuter le travail dans l’immédiat a aussitôt été mis à la disposition de la mairie de ladite localité. Pour le blogueur Issouf Kone, la jeunesse de Kati est la preuve que nos autorités se mettront au travail si les populations leur mettent la pression.
Je commence vivement par saluer cette jeunesse, cette jeunesse consciente de Kati, pour cette détermination plus que remarquable. Nous avons l’habitude de reprocher à nos autorités le fait qu’elles n’aiment pas travailler. Une fois devenus maires ou députés, beaucoup oublient les raisons pour lesquelles ils ont été élus et ne font plus passer les attentes de la population pour des priorités. Les députés ne défendent rien de concret à l’Assemblée, on le constate à la télévision. Les maires, quant à eux, ne font que s’endormir sur leurs lauriers, ou ne s’adonnent à rien d’autre qu’à la vente de terrains pour s’enrichir de manière illégale. L’ancien Premier ministre, président du parti Yelema, Moussa Mara avait confié à cet effet, lors d’une formation à laquelle j’ai pris part, qu’il avait porté plainte plus d’une trentaine de fois contre des maires pour cette même raison.
Faite un tour dans les quartiers de Bamako ou sur les routes nationales, vous ferez vous-même l’état des lieux. Les accidents sont quotidiens à cause de l’état catastrophique de la voirie. La route nationale numéro 3, pour laquelle la jeunesse de Kati s’est révoltée, n’est pas le seul cas parmi les routes du Mali. En 2016, la population de Sikasso avait dénoncé l’état plus que piteux de la route nationale numéro 7, à cause des accidents qui se répétaient. Les utilisateurs de la route numéro 16, qui relie la ville de Sévaré à celle de Gao, crient également à l’aide, et les autorités jusque-là ferment les yeux. En plus d’être étroites, ces routes ne sont pas bitumées comme il le faut, et se dégradent très rapidement à chaque saison des pluies. Le trajet Bamako-Selingué est une sorte de paradis pour les nids-de-poule.
Les élus doivent rendre des comptes
Je pense cependant que nous sommes les premiers responsables de cette situation car nous avons l’habitude de rester là, à ne rien dire comme si nous n’avions pas de droits, comme si nous ne payions pas nos impôts. Le président, les maires et tous les autres élus ont le devoir de servir les citoyens. Loin d’être des sortes de chefs suprêmes imperturbables, ils doivent nous rendre des comptes et sont obligés de faire ce qui va dans le sens de notre développement. Et ça, la jeunesse de Kati l’a compris. Sans aucune intention de vouloir semer le trouble et appeler au désordre, je pense sincèrement que son courage doit servir d’exemple aux populations des autres localités afin que les élus se penchent rapidement sur ce problème de routes qui constitue l’un des premiers facteurs de sous-développement.
Un budget annuel de plusieurs dizaines de milliards est pourtant mis à la disposition de l’autorité routière. En 2016, près de 66 milliards de FCFA avaient été mobilisés pour ce secteur. En 2017, seuls 26 milliards sur les 37 initialement prévus dans le budget ont été effectivement débloqués. Pour cette année 2018, l’autorité routière avait fait savoir qu’elle avait besoin de 98 milliards de francs CFA. Ce n’est pas normal que des sommes aussi importantes soient placées à la disposition des autorités sans qu’elles n’osent les mobiliser. Il est temps de se lever pour dire non à ces partisans du moindre effort en leur exigeant de travailler. Ce n’est pas trop leur demander. Si nous voulons que les choses changent, elles changeront, la jeunesse de Kati en est la preuve.