Sahel : l’ICG préconise une approche basée sur la bonne gouvernance
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Sahel : l’ICG préconise une approche basée sur la bonne gouvernance

L’ONG International Crisis Group a rendu publique, le 1er février, un rapport proposant de revoir au Sahel les stratégies de stabilisation et d’adopter une nouvelle approche axée sur la bonne gouvernance.

En 2013, la mosaïque extrémiste violente, qui regroupait dans le nord du Mali Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), Ansardine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), a été brisée par l’intervention militaire franco-africaine. Sept ans après, le pays traverse une crise profonde et l’hydre « djihadiste » a gagné les voisins, notamment nigériens et burkinabé, multipliant au Sahel les foyers d’instabilité à travers une conjonction de facteurs.

« Pour Paris, la stratégie au Sahel est multidimensionnelle. La présence militaire, dont Barkhane est une composante essentielle grâce à l’appui logistique clé de la Minusma, vise à dissuader les jihadistes de reprendre des villes et d’occuper des territoires », écrit ICG. Cette stratégie reste pour le moins très peu visible sur le terrain.

Revoir la stratégie

La France et ses alliés engrangent des victoires militaires sur les jihadistes en éliminant des chefs d’un côté, mais de l’autre l’absence de services sociaux de base et le rejet du modèle d’État par les populations locales favorisent les crises intercommunautaires. L’ONG estime que « contrairement aux offensives militaires, les projets de développement s’inscrivent dans un temps plus long et nécessitent un environnement stable pour aboutir ».

Le Sahel, cette vaste zone où fleurissent les groupes extrémistes violents, est devenu un enjeu international. Bien qu’aujourd’hui la menace se concentre plus dans la zone dite des trois frontières (Liptako-Gourma), elle reste présente sur toute la bande sahélo-saharienne, de la Libye au Benin. Malgré la présence des casques bleus de la Minusma, des forces françaises de l’opération Barkhane et de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), qui regroupe les forces de défense et de sécurité des pays de la sous-région. Des diplomates africains et internationaux envisagent le déploiement d’une énième force africaine qui « pourrait un jour remplacer la Minusma ».

Défiance envers l’État

L’ICG pose un constat sans appel. Les opérations militaires ont montré leurs limites. Les crises auxquelles font face les États ne sont pas que le terrorisme. Il faut « changer d’approche », suggère l’ONG. Et pour cela, « la première étape consisterait à changer de discours dominant pour renforcer l’idée que la crise sécuritaire que traverse le Sahel est avant tout une crise de gouvernance ». C’est le modèle d’État lui-même qui n’est plus accepté et l’accessibilité aux armes de guerre, la porosité des frontières font que le citoyen, fût-il rural, ose défier l’État. « Des décennies de mauvaise gestion des finances publiques et des ressources rurales ont alimenté les rancœurs envers l’État, contribuant aux insurrections rurales et aux manifestations urbaines », lit-on dans ce rapport d’une trentaine de pages.

La publication de ce rapport à deux semaines du sommet prévu N’Djamena, au Tchad, sur la crise sécuritaire au Sahel pose déjà le débat sur la stratégie adoptée au Sahel par la communauté internationale, sous le leadership de la France.


  • Vous pouvez lire ici le rapport de l’International Crisis Group, publié le 1er février.

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