Si les assises ont jeté les dés de la refondation, il reste maintenant que les autorités lancent la matérialisation de ses recommandations, selon le blogueur Moussa Naby Diakité.
Le premier ministre, Choguel Maïga, était devant le Conseil national de transition (CNT), jeudi 21 avril, pour présenter le bilan de ses actions à la tête du gouvernement de transition depuis sa nomination en juin 2021. C’est que le président de l’organe législatif de la transition, colonel Malick Diaw, l’avait vertement interpelé début avril à la faveur de la rentrée du CNT pour le compte de la session du mois d’avril.
Parmi les points abordés dans le discours du colonel Diaw, figurait la refondation qui a pourtant au cœur des Assises nationales de la refondation : « (…) C’est au peuple que revient la paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Les échanges en cours avec la Cedeao ne devraient en aucune manière constituer un facteur déblocage de notre processus de refondation. »
Caractère exécutoire
Le Dialogue national Inclusif (DNI), tenu en 2019, visait à obtenir une trêve sociale dans un moment de forte ébullition pour le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Par contraste, les Assises nationales de la refondation (ANR), par la volonté même des Maliens de s’inscrire dans la mise en place d’un véritable État souverain, a été l’occasion de penser le Mali et panser nos blessures pour affronter de la meilleure manière l’avenir. Notre avenir.
Bien que l’inclusivité totale n’ait pas été au rendez-vous, notamment pour des raisons justifiées de divergences politiques, les assises ont été populaires et ont donné l’occasion à toutes les composantes sociales et politiques du pays de se réunir, de se parler, de regarder dans une même direction et de fixer ensemble des perspectives pour les vingt-cinq prochaines années. Plus que tout, les recommandations revêtent un caractère exécutoire sur les gouvernants actuels et à venir.
Des partis politiques ont certes été absents physiquement mais de par leurs élus locaux, communaux, régionaux et nationaux, ils ont été plus que présents dans l’organisation, les débats et les conclusions.
On veut refonder le Mali, mais on commence par quoi ? Et qu'est-ce que la Transition doit faire avant sa fin❓
Et si les autorités nous donnaient une liste des tâches missions à faire ?#gouvernance #SiraKura #famoc_2021 pic.twitter.com/YgQwSMKhIN— Aliou DIALLO (@diallokei) February 28, 2022
Diagnostic sans ambages
Et, au-delà de toutes questions d’appartenance, les recommandations sont sorties d’un diagnostic sans ambages de l’état de décomposition d’un pays gangrené dans tous ses segments par la corruption, le népotisme, le favoritisme, le laxisme, l’injustice, l’inégalité qui ont conduit aux multiples effondrements de l’appareil étatique dans la dernière décennie.
Si les recommandations ont concerné tous les secteurs et segments de la société, leur mise en œuvre revient maintenant aux autorités de la transition. Ces dernières doivent donner l’exemple en engageant, dès à présent, les réformes proposées notamment celles de la gouvernance, de la justice, de l’éducation, de la défense, de l’agriculture en vue d’atteindre la sécurité sociale nécessaire dont auront indispensablement besoin les institutions politiques qui naîtront à la fin de cette transition. Et cela ne se fera pas sans une réelle volonté politique assumée.
Contrairement au DNI, les assises ont jeté les dés de la refondation. Reste maintenant que les autorités lancent la matérialisation de ces recommandations.