#SiraKura : dans la nouvelle Constitution, faire une place aux autorités religieuses et coutumières
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#SiraKura : dans la nouvelle Constitution, faire une place aux autorités religieuses et coutumières

Depuis plusieurs années, les autorités religieuses interviennent dans la sphère politique, comme jamais auparavant au Mali. Dans la nouvelle Constitution dont la commission de rédaction vient d’être créée, le blogueur Moussa Naby Diakité propose de leur faire une place ainsi qu’aux autorités coutumières.

Au Mali, plus de 90 % de la population se réclament de la religion musulmane. Les leaders religieux, notamment musulmans, se sont imposés comme de véritables acteurs incontournables dans le jeu politique. Il n’est pas question pour nous de tomber dans la polémique sur la distinction qu’il y aurait entre « chef religieux » (aussi appelé légitimité religieuse) et « chef d’association religieuse », notre but n’étant pas de résoudre ce problème.

Jouissant d’une forte influence et d’une grande capacité de mobilisation, des leaders ont obligé le gouvernement du président Amadou Toumani Touré à reculer sur son projet de réforme du code de la famille, en 2009, par une forte mobilisation au Stade-26 mars. A la tête de ce combat, se trouvait l’imam Mahmoud Dicko, alors président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), structure reconnue d’utilité publique.

Contestation du pouvoir

Lors des élections présidentielles de 2013, cet imam et le guide spirituel des hamallistes, Mohamed Ould Checknè, dit « Bouyé », ont soutenu et appelé à voter pour Ibrahim Boubacar Keïta. Quelques années plus tard, ils se positionneront comme une opposition au pouvoir de ce dernier qui les avaient pourtant « clientélisés ».

En 2018, ils ont annoncé publiquement leur déception vis-à-vis d’IBK, à qui ils retirent leur soutien lors des élections, et le Bouyé Haidara s’alignera derrière Aliou Boubacar Diallo, ancien soutien financier de l’ancien président. En 2019, une mobilisation conduite par l’imam Dicko a poussé le gouvernement à abandonner des manuels scolaires portant sur l’éducation sexuelle complète. Ses manifestations contre la situation politique et sécuritaire contribueront, en partie, au départ prématuré du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga.

Le point culminant de cette immixtion a été la mobilisation du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui va contester le pouvoir d’IBK. A l’origine du M5-RFP, plusieurs mouvements dont la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Mahmoud Dicko. La CMAS a été lancée en septembre 2019, après le départ de l’imam Dicko de la tête du Haut conseil islamique du Mali.

Des alliés, mais aussi de réelles menaces, selon les circonstances, les leaders religieux ont une réelle force sociale nécessaire à la consolidation de la paix et de la justice. Mais l’État doit envisager des mesures pour encadrer leur rôle et éviter que la religion ne serve de couverture pour des actions personnelles.

Au début, ils étaient dans un rôle très bien défini de recours pour les autorités politiques en cas de conflits avec les citoyens et intercédaient pour permettre un apaisement. Les autorités coutumières ont aussi joué plusieurs fois ce rôle. En rejoignant Ousmane Sy dans ses analyses, nous pensons qu’il serait bien de faire une place aux autorités religieuses, et coutumières aussi, dans la nouvelle Constitution en institutionnalisant leur rôle.

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