#SiraKura : l’impérative nécessité d’impliquer les populations dans la gestion des affaires communales
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#SiraKura : l’impérative nécessité d’impliquer les populations dans la gestion des affaires communales

Pour atteindre les objectifs de la décentralisation, il faudrait impérativement que les citoyens s’impliquent dans la gestion des affaires communales et exercent un contrôle au niveau de toutes les communes du pays.

Après des décennies de décentralisation au Mali, la plupart des acteurs sont d’accord que beaucoup restent à faire. Le transfert de compétences n’est pas suivi par celui de ressources et les objectifs sont loin d’être atteints. « C’est juste un manque de volonté au niveau des cadres qui sont en charge du transfert des ressources financières au niveau des collectivités, martèle un responsable de l’Agence nationale d’investissements des collectivités territoriales (ANICT). Les ministères sectoriels (santé, éducation, assainissement, etc.) veulent usurper les compétences des autorités de ces collectivités et coordonner eux-mêmes les projets. Ce qui va à l’encontre de l’esprit de décentralisation. »

La question du transfert des ressources et d’autres problèmes – comme le détournement de fonds dans les collectivités, l’absence de PDESC dans de nombreuses communes – sont liés, à mon avis, à la passivité des citoyens qui ont un devoir de contrôle sur leurs élus et sur la gestion des affaires communales.

Un taux de recouvrement des taxes de développement régional et local (TDRL) de moins de 2%, des rues sales avec des caniveaux bouchés : voici des indicateurs qui en disent long sur le niveau d’implication des populations dans la gouvernance locale. La logique d’une participation réelle des populations impose de les associer à tout le processus du PDESC et leur faire comprendre l’utilité de leurs actions dans le contrôle citoyen.

Un climat de confiance

Un grand fossé sépare les citoyens de leurs administrations municipales. Nombre d’interlocuteurs ignoraient l’existence des PDESC et des TDRL. Ousmane Diarra, habitant en commune V, nous dit avec un ton d’humour : « Pourquoi dois-je payer les taxes ? Pour aider le maire à prendre une nouvelle épouse ? ». Un autre ajoute : « Les mairies ne servent à rien à part nous délivrer des extraits d’acte de naissance et légaliser nos diplômes ».

Un avis largement partagé au sein des populations dans nos communes. En 2006, Tata Pound, l’un des plus célèbres groupes de rap malien, dénonçait la corruption dans les mairies à travers le titre « Monsieur le maire », tiré de l’album Révolution. Afin de remédier à ce problème, les mairies doivent montrer l’exemple, avec le peu qu’elles ont, en construisant des infrastructures et en améliorant les services et ainsi gagner la confiance des populations.

De son côté, un agent d’une municipalité s’interroge en dénonçant l’incivisme : « Comment financer les PDESC si les populations ne paient pas les taxes ? Et qui remplit les caniveaux d’ordures ? ».

Faire passer le message par tous les moyens

Pour toucher les populations, la commune peut se tourner vers des moyens d’informations classiques :  l’organisation de réunions publiques ou de débats citoyens dans des salles municipales, les campagnes à travers les télés, la radio, le porte-à-porte, l’usage des influenceurs via les réseaux sociaux et des leaders communautaires.

Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yèlèma (Changement), pointe aussi le rôle des partis politiques et de la société civile dans la sensibilisation des populations : « Les communes seules ne peuvent pas. Nous devons tous les appuyer ».

La démocratie et le développement local passent obligatoirement par une participation active des populations à la gestion des affaires locales. L’implication des populations exige une bonne politique de communication et d’information. Sans cela, nous assisterons sûrement à d’autres décennies de décentralisation avec des résultats toujours décevants. En attendant, « Que chacun balaie devant sa porte ».

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